dimanche 4 octobre 2009

Et Regardait Cahin-Caha

Dimanche quatre octobre deux mille neuf. Treize heures cinquante. J'entame ma quatre-vingt-septième heure de travail de la semaine, et je ne suis pas frais. Certaines journées ont duré plus de seize heures, avec une nouvelle sortie magique, un achat de portable pour remplacer celui qu'on nous a volé la semaine passée. Et beaucoup, beaucoup de gens. Qui sont sympa, qui achètent des marchandises et font de ma vie au quotidien un beau feuilleton, je ne m'ennuie pas, c'est le jour et la nuit rapport à mon ancien taff, mais il m'arrive de vouloir être seul, chez moi, à lire mes bouquins qui s'entassent plus vite que de raison, voire dormir, car j'en manque.

Hop. Première ellipse de ce message. Quatorze heures quarante-quatre. Le tournoi magique du jour est lancé. Le tournoi de figurines miniatures du monde de l'art de la guerre n'aura pas lieu, les joueurs de plateau s'en donnent à cœur joie. Déjà plusieurs passages. Le travail de la boutique n'est pas facilité par l'imprimante, qui a décidé, depuis avant-hier, de ne plus reconnaître l'ordinateur, ou l'inverse, bref impossible d'imprimer mes journées. Je garde ça dans un coin de l'ordinateur pour le moment. Dans l'intervalle, je vaux l'entrée.

La fatigue en devient psychotrope. Cette semaine, je n'ai eu le temps de rien faire. Sacrifier aux nécessités hygiéniques (douches régulières, brossage de dents deux fois par jour, nettoyage de mains dix fois par jour, non par névrose, mais parce qu'alterner maniement de cartons sales et manipulation de livres susceptibles de ne pas être achetables s'ils se voient maculer d'empreintes digitales, rend indispensable la fréquente aspersion des extrémités caudales de mes bras pesants, en fait je ne paranoïse pas sur la grippe, épidémie mortelle qui a déjà, je n'en doute pas, rasé des villes, désertifié des nations entières et répandu sur l'occident, tant réel que fantasmé, le spectre de la peste noire d'antan, en emporte le vent). Je n'ai pas la télé.

Le reste du temps, j'ai marché, une heure vingt par jour en moyenne, pour faire l'aller et le retour de mon domicile à la boutique, et vice-versa. Certains soirs, des bonnes volontés m'ont déposé au seuil de mon logis, grâce aux voitures qu'ils conduisaient, avec moi dedans. Un matin, Mirgwael m'est venu prendre en bas dudit logis, pour aller acquérir un nouvel ordinateur escamotable par la volonté du tout-puissant. J'ai donc marché, selon mes caculs, entre cinq et six heures, depuis lundi. Comme il fait chaud, trop chaud, je suis toujours en short et t-shirt, à toute heure du jour et de la nuit, j'ai lu. Un recueil de nouvelles de Michael Chabon, un recueil de nouvelles de Corrine Guitteaud ("La Vague") et un roman de Philippe Tessier dans l'univers du jeu Polaris.

Depuis vingt-quatre heures, je suis sur le tout nouveau roman de Terry Pratchett, "Unseen Academicals", qui se trouve être le trente-septième du Discworld, on y traite de balle-au-pied, les protagonistes sont surtout le personnel de l'université de magie d'Ankh-Morpork, et la principale référence extérieure semble être à Shakespeare (Romeo and Juliet, to boot). Histoire d'amour. La prose de Pratchett reste intacte, en bonne forme, de fait. La maladie ne semble pas l'avoir, pour le moment, trop diminué dans sa fabrication d'univers fictifs. Hourra. Je l'aurais déjà fini si je ne travaillais pas, le fait est que je bosse seize heures par jour, donc il m'en reste la moitié.

Le commerce fructifie. L'espace est restreint. D'ici un à deux ans, nous aurons sans doute quitté nos locaux actuels pour rechercher plus grand. Mais nous n'y sommes pas. Cela fait déjà sept mois que je travaille ici. Ca me plaît bien. Je vais continuer. Je dois faire ma lessive depuis le début de la semaine, et je n'ai toujours pas trouvé l'heure de rab qui me permettrait d'aller squatter la laverie, revenir chez moi, étendre le linge et repartir. Je comptais le faire ce matin, mais j'ai dormi un peu, lu un peu, fait des courses, pris une douche avec shampooing, et déjà le temps avait filé. J'en suis à porter, en guise de sous-vêtements, le maillot de bain qu'un ami a laissé chez moi il y a trois mois. Il est temps que je prenne une matinée pour aller laver mon linge de corps. Mardi, selon toute vraisemblance.

Hier après-midi, un client s'est fait voler son vélo garé devant la boutique. Le panneau de signalisation auquel il avait attaché sa monture peut être sorti du sol, ce qui rend inutile toute forme d'antivol. Je n'ai pas fait de vélo depuis deux semaines, non par envie, mais comme ça j'ai économisé six euros. Et gagné du temps de lecture, puisque je lis en marchant.

Programme de la journée: tenir le fort encore cinq heures, avant de lever le camp. A moins que je ne pète la forme ce soir, je ne resterai pas jouer, mais irai m'étendre dès que mon devoir aura été accompli. Lire. Je finirai l'ouvrage dans la nuit, il n'est pas bien épais. Dormir? Ca ne serait pas de trop. Si je tombe du lit, je ferai sans doute ma lessive demain matin, sinon j'attendrai mardi. Dernier délai. Je la ferai demain, en fait. La laverie ouvre à sept heures, il faudra bien que je prenne le temps. En ne dormant que cinq heures, comme toutes les nuits depuis deux semaines, ça devrait se pouvoir faire. Eviv Bulgroz.

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