jeudi 8 octobre 2009

La Dissolution des Tortues

Jeudi huit octobre deux mille neuf. Onze heures cinquante du matin. Il pleut. Ce matin, me rendant à pied sur mon lieu de travail, j'ai aperçu des tortues en gelée alimentaire, sucrée, gros amas de glucose chimiquement assemblés, occupées à se dissoudre sur le trottoir. Il y en avait plusieurs, différemment colorées, inégalement dissoutes, de ces teintes vives, artificielles comme une chanson de Richard Gotainer, que l'on trouve dans les paquets pas chers vendus par les boulangeries de mon enfance (et de la vôtre, aussi). Quand une tortue se dissout, elle ne mousse pas, mais se fond peu à peu à l'asphalte qui socle ses pas. Les tortues se montrent pour mourir.

Ce matin, donc, il pleut, et je me sens l'âme lyrique. J'écoute le Velvet Underground. Depuis une heure que j'ai ouvert ma boutique, personne n'en a franchi le seuil. Les clients sont timides. Ou alors, il pleut. Les livreurs sont sans doute ralentis par l'élément liquide. D'autant plus qu'il pleut averse, eh oui. Comme vache qui pisse des hallebardes, c'est vous dire. Mes chaussures en font floc. Ce sont des baskets chinoises, achetées là-bas en janvier dernier. Elles m'ont bien servi, elles ont fait leur temps, et attendent pour expirer que j'ai acquis leur successeurs, que je compte choisir lors de mon prochain voyage en Chine. C'est-à-dire, dans un peu moins de trois semaines.

Ce soir, mes parents seront sur Lyon. Ils m'apportent la dernière fournée d'affaires m'appartenant, laissées chez eux entre deux voyages à l'autre bout de la planète (la Chine, le Japon, voire, plus loin encore, Orléans, ou encore Lyon). Je n'ai pas encore eu le temps de balayer le sol, mais j'ai fait quelques rangements qui rendent les lieux plus présentables. Un peu. Ils vont tout de même gueuler.

Programme de la journée: ouvrir les douze cartons que trois livreurs viennent de m'apporter pendant que je m'occupais des quatre clients qui sont passés dans les dix minutes écoulées. La journée commence sur les chapeaux de roues. Et les parapluies de Cherbourg. Lire un peu entre les gouttes. "La Cité des Crânes" de Thomas Day, sans doute le meilleur de ses romans lus à ce jour.

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