lundi 29 juillet 2013

L'Assassin Chaussait du Quarante-Deux

Lundi vingt-neuf juillet deux mille treize, dix-neuf heures trente-sept. Petite incursion de ce côté-ci du vitrage, histoire de donner des nouvelles. Ou d'aligner quelques phrases, pour en admirer l'effet.

Long fut l'intervalle depuis ma dernière intervention. Il a été peuplé de choses ordinaires, de celles dont on tapisse le quotidien, et avec le temps le tapis roulant avance de plus en plus vite.

Je suis globalement heureux. J'ai trente-cinq ans, deux chats et j'ai emménagé avec mon amie il y a presqu'un an. La cohabitation se passe bien. Je ne m'étendrai pas sur mes sentiments, ils ne regardent que nous, mais je suis content. La vie suit un cours qui me convient, le confort et la compagnie composent un quotidien qui me comble.

Je suis toujours libraire, toujours dans la même ville, et je ne regrette pas un seul instant d'avoir quitté l'enseignement. D'autres en ont la vocation et s'y trouvent davantage à leur place que je ne le fus durant ma courte aventure. A présent que j'ai trouvé ma voie, je me laisse aller à un contentement de bon aloi. Le temps passe. J'ai deux chats. Enfin, j'ai un chat en garde partagée, et été adopté par un chat plus âgé qui était là avant moi. Le jeune chat est bicolore, roux à tendance blanchâtre, et comme tous les jeunes chats il est vif, parfois trop.

Aujourd'hui, je me suis acheté des chaussures neuves. J'ai commis l'exploit de les prendre trois pointures trop petites, et de ne m'en apercevoir qu'une fois chez moi, une fois défaits tous les emballages et jetées à la poubelle toutes les étiquettes. J'en suis donc pour ma poche de quinze euros. Si quelqu'un chausse du quarante et veut des chaussures neuves, j'en fais cadeau.

J'ai découvert un restaurant indien que je ne connaissais pas. Il est plus proche du boui-boui que du restaurant, est ouvert sept jours sur sept douze heures par jour, ce qui offre un éventail assez large pour s'y rendre et en consommer la nourriture. Il n'est pas cher, notamment leurs lassis. Je pense en faire une de mes nouvelles cantines.

J'ai trouvé le moyen, avant-hier, de me coincer la cheville dans la béquille d'un vélo public emprunté à la municipalité. Il a fallu l'intervention du restaurateur indien et d'un client pour me venir en aide et sauver mon extrémité de l'étau où elle se trouvait prise. Je m'en suis trouvé indemne, nonobstant quelques bleus, mais la foulure a été évitée.

Aujourd'hui, le plus vieux des deux chats m'a pris pour un tremplin, me griffant légèrement la main au passage. J'ai abondamment survécu à l'attaque. Le quotidien est parsemé d'aventures, d'exploits et d'incidents qui en font le charme. L'enchaînement des instants en fait des souvenirs qui demeurent à jamais gravés dans la mémoire des âges.

Programme de la soirée : seul ou accompagné, lire (je viens de terminer le dernier roman de Terry Pratchett et Stephen Baxter, The Long War, qui fait suite à The Long Earth et est globalement du même niveau, et je viens de commencer un vieux Robert J. Sawyer récupéré chez un bouquiniste de mes amis), regarder des séries (je me suis mis à en visionner d'abondance, sous l'influence de mon frère puis de mon amie, et je rattrape une partie du retard accumulé au fil des ans, tout en suivant les nouvelles séries au fur et à mesure de leur diffusion outre-Atlantique) et dîner (la fin de l'indien ou une raclette, selon l'humeur et le nombre de mangeurs).