mardi 7 décembre 2010

Flottaison

Mardi huit décembre deux mille dix. Minuit trente-huit du soir. Oui, je sais. Ca fait longtemps que je n'avais rien dit. Rien à voir avec le vécu, juste un peu moins de disponibilité, un peu plus de bonheur au quotidien, un peu moins le réflexe de palucher le clavier pour étaler ma confiture. Je vis des journées qui se ressemblent, qui sont longues et laborieuses dans un environnement qui me plait, je passe des nuits courtes, généralement pas seul, à lire, dormir un peu, plus car affinité, en décalé quand nos insomnies se croisent sans se téléscoper, elle plus du soir, moi davantage du matin, je vis des instants interstitiels qui se valent d'un jour sur l'autre, mais je m'épanouis, un peu comme les fleurs qu'on voit parfois pousser sur le bitume, pas vraiment des chardons, plutôt des trucs un peu colorés, un peu pâlots, sans forme ni structure, mais ça fleurit un temps. Cette phrase est trop longue.

Aujourd'hui, j'ai vendu du rêve. Des chevaliers Jedi dans des tubes en carton, des querelles médiévales en deux dimensions, des fragments de récit flanqués entre deux couvertures. Du jeu à l'état pur, du concentré onirique pour les longues nuits d'hiver. J'ai parlé à des gens, écouté leurs bruissements dans mon arrière-salle, bu du jus de fruits, mangé un sandwich dont je ne retiendrai que les cornichons, lu quelques pages, entre deux clients, du livre que je suis en train de ne pas dévorer par manque de temps ("House of Chains", de Steven Erikson, quatrième tome du Malazan Book of the Fallen, comme la Compagnie Noire, en mieux, et en plus long). J'ai ouvert des colis, inventorié des marchandises, converti du papier en électrons moqueurs tapis au détour de la Toile. J'ai rempli mon office.

Mes parents sont à Lyon. Ils sont venus pour les Lumières. Si j'ai le temps, je les accompagnerai, demain soir, dans les rues, sauf s'il y a trop de gens. Je n'aime toujours pas les foules. Ce soir, j'ai dîné en famille, dans une cantine vietnamienne du quartier, trop vite et trop abondamment. J'ai bu un café, du concentré de sucre et de taurine, du jus noir qui fait des bulles. Je n'ai pas sommeil.

Hier, j'étais de repos. J'ai lu, matiné gras. Déplacé deux ou trois mille bouquins qui traînaient sur des étagères, histoire de pousser lesdites bibliothèques pour faire de la place contre un des murs, histoire d'y caler la dernière acquise. Mon amie l'a montée pendant que je faisais ma gym avec les livres. J'ai passé un peu moins de trois heures à manipuler les ouvrages, dans la poussière, la plupart des temps alternant entre flexions et pas chassés. Ca fait du sport. Le soir, un jeu de rôle dans l'espace, un retour au bercail un peu trop tard. Une nuit courte.

Il ne fait plus froid. La semaine dernière, vingt centimètres de neige. J'ai joué aux cartes en Westeros. Il a plu. La neige a fondu. J'ai lu le troisième tome du Malazan Book of the Fallen. La semaine dernière, j'étais à Paris. J'y ai acheté des livres. Je me suis interdit de librairie jusqu'en deux mille onze. Je dois payer mes impôts locaux. Reprise des séances de badminton la semaine prochaine. J'ai refait du vélo. Il repleut.

Ce soir. Je ne vais pas tarder à décrocher, quitter mon lieu de travail. J'en ai gardé un peu pour demain. Il est minuit cinquante-et-une. Je vais dormir entre quatre et six heures. Il me reste cinq cents pages pour finir mon livre. Je le lis. Je ne l'écris pas. Ni le temps, ni trop l'envie. Toujours à la recherche d'une histoire. Les gens heureux, tout ça. En route. La nuit m'attend, avec un peu de chance, il ne pleuvra plus, et je pourrai lire quarante minutes, le temps que mes pas me ramènent à mon domicile.

mardi 7 septembre 2010

Virtuellement insatiable

Mardi sept septembre deux mille dix. Une heure dix du matin suivant. Encore une journée à grosso modo quinze heures de boulot. Nous sommes sur la base d'une semaine de cent cinq heures en sept jours. Heureusement, je tente de me ménager des plages de repos, en accord avec la coordination interne à l'équipe et mes impératifs biologiques (sommeil, faim, fatigue). Hier, j'ai pu me reposer, et cette semaine, je ne travaillerai que jusqu'à vendredi après-midi. Le week-end sera sur Paris.

Ce dimanche, je me suis lu le nouveau roman de Michel Houellebecq, qui sortira demain en librairie. C'était sans doute un de ses meilleurs. Je suis assez fan de l'écriture de Houellebecq, convaincu par son cynisme, modérément affecté par certaines de ses thématiques. Ce roman-ci renoue avec les racines des deux premiers romans, qui étaient les meilleurs, loin de la provocation consensuelle de "Plateforme" (le tourisme sexuel en Thaïlande) et "La Possibilité d'une Ile" (l'univers des sectes). Il est ici question d'art contemporain. Bon.

Beaucoup de name-dropping, à la Brett Easton Ellis, Houellebecq intervient comme un des personnages (à la Brett Easton Ellis), il meurt même au milieu, et le protagoniste doit enquêter pour découvrir le meurtrier. Des clins d'œil aux copains (Begbeider), des piques à diverses personnalités, que mon désintérêt flagrant pour l'actualité et le monde des célébrités m'empêche parfois de percevoir. Une anticipation plus fine, plus policée qu'à la fin des "Particules Elémentaires", qui virait au grand-guignolesque post-humain (un peu comme "Babylon Babies", du moins talentueux Maurice G. Dantec).

Hier, j'ai regardé la première saison d'une série britannique, "The IT Crowd", et un film, "Juno", en alternance avec la lecture de "Makers", l'avant-dernier roman de Cory Doctorow, dont j'avais lu "Down and Out in the Magic Kingdom" l'automne dernier en Chine, "Little Brother" l'hiver d'avant en Chine, et dont j'ai entamé le dernier roman en date, dont le nom m'échappe, mais que je reprendrai à l'occasion. Ce qui démarque cette lecture des précédentes, c'est qu'il s'agit du premier roman de l'auteur que je lis autrement que sur ordinateur, en version électronique officiellement libre et gratuite, mise en ligne par l'écrivain lui-même. J'ai cette fois-ci affaire à un ouvrage de colle et de papier, et l'expérience en est subtilement différente. J'ai davantage l'impression d'avoir en face de moi un individu et l'expression de sa personne artistique, qui subitement m'évoque Douglas Coupland.

Programme de la soirée: achever cette note, fermer mon commerce, rentrer sous la pluie (il pleut sans discontinuer depuis ce matin), passer quelques heures allongé sur le matelas, à lire ou à dormir si la chaleur me le permet (car la pluie m'empêchera d'ouvrir les fenêtres), ou dans l'étreinte confortable de ma bonne amie. Demain matin, me lever tôt, revenir bosser, en attendant que vienne l'opportunité de dormir suffisamment.

jeudi 2 septembre 2010

N'est pas d'Or, ce qui à Jamais Mord

Jeudi deux septembre deux mille dix, vingt-et-une heures cinquante-cinq. Tirez sur la nappe, hop, magie, les assiettes, les verres, les plats, voire les convives, tout vole en l'air, et parfois la vie, c'est pareil. Ou le tapis roulant s'emballe, les choses s'accélèrent, on ne trouve plus le temps de rien, ni de se poser, ni de repartir, ni d'avancer, ni de reculer pour mieux sauter. Et puis des fois, on prend quand même le temps de dire. Ou on ne le prend pas.

Ces derniers mois, le besoin de dire était moins pressant, la vie plus présente de l'autre côté du réel, celui qui n'est pas cathodique, l'autre versant du vécu, celui qui se contente d'engranger du passif au compteur des jours morts. Qui sont des jours vécus, au lieu de jours à vivre, ils alourdissent la charge pleine. La vie est belle, mais les nuits sont courtes, et les jours sont pleins. Les pauses sont rares, et la nécessité de confier à un bout d'écran, à un morceau de clavier et quelques lecteurs épars, les dérives du quotidien, est d'autant moins pressante que le reste du vécu bouleverse un peu le mobilier, bouscule les meubles et fait passer par dessus bord les circonstances superfétatoires. Parce que c'est un mot qu'il fait bon placer.

Que dire sur ces derniers mois? Je ne sais plus, au juste, où j'en étais avant que le magicien de salon, un peu bourré, ne prenne la nappe à deux mains pour tout envoyer valdinguer. Il y eut un printemps, il y eut un été, troisième saison. Le vingt-trois mai, un déjeuner sur l'herbe m'a comblé. Un voyage en Allemagne pour un mariage de cousine, un crochet par Paris pour voir famille-amis (à Miami), un petit bout de route collectif à Poitiers pour un championnat de France d'un jeu de cartes évolutif (et tondu), où j'ai fini vingt-quatrième sans être le serviteur de personne, un gros morceau d'été au milieu.

Avais-je mentionné le mariage de mon frère? Il s'est marié en avril. Une chose en amenant une autre, le premier de mes neveux est né en août, il y a un mois jour pour jour. Je suis donc triplement avunculaire, et je m'en porte bien. Les deux nièces, en amont, ont sept ans et deux ans, respectivement, sachant lire et marcher, parler, que sais-je encore. Le neveu se porte bien, la terreur des biberons parcourt le monde. Il est parmi nous (le chaton).

Une petite virée en Bretagne, toujours chez Piotr et sa nombreuse descendance, avec un bout d'île d'Houat au bout de la route. C'est un îlot sablonneux au milieu du golfe du Morbihan, avec des gens dessus, du bonheur et des nuits trop courtes. Quatre jours sous la tente, dont deux sur l'île, un dans un lit et le troisième dans la voiture, douze heures aller, douze heures retour, un grand merci à la conductrice, qui se reconnaîtra. Et que j'apprends à connaître, avec beaucoup de contentement.

Mon commerce a déménagé, l'avais-je mentionné? Il s'est translaté de quelques mètres, dans un local deux fois plus grand, avec plus de place, plus de visibilité, des rayons beaux comme au premier jour, des vitrines grandes et éclairées, des clients nombreux et satisfaits, des ventes satisfaisantes et des journées de plus en plus pleines. En ce moment, je bosse en moyenne quinze heures par jour (parfois plus, et rarement moins), les semaines font entre six et treize jours, et la saison touche à sa fin, vivement l'hiver, qu'on souffle un peu. J'aime bien l'été, mais je le préfère ayant été qu'étant l'été. Le problème du sud, c'est qu'il y fait chaud.

Ai-je tout mentionné? Pour l'essentiel, et sans m'étendre, j'ai dû couvrir l'essentiel de mon quotidien. Les lectures ont été nombreuses, je ne saurais en rendre compte, intégralement, en un laps si court. Je n'ai pas tout noté. Lu ce dimanche, le tout dernier roman de Sir Terry Pratchett, "I Shall Wear Midnight", trente-huitième du Discworld, avec des vrais morceaux de Wee Free Men dedans. Pourvu que ça dure. En chantier, "Canticle", qui fait suite à "Lamentation", de Ken Scholes, de la bonne fantasy; "Smiley's People", un Le Carré d'il y a trente ans; "Le Maître des Illusionnistes", qui est allemand et amusant. Et d'autres trucs, qui me tiennent occupé entre le retour nocturne et le sommeil immédiat.

Programme de la soirée: bosser encore une heure ou deux, j'ai du stock à gérer, des commandes à passer, du temps à tuer sur la toile et un retour à pied à opérer (heureusement que je ne suis pas chirurgien). Quand je serai rentré, nuitamment, en mon studio de banlieue, je procéderai aux ablutions, je mangerai une ou deux saucisses et je me brosserai les dents. Je lirai une ou deux pages dans le contre-jour poussiéreux de mon pied-à-terre au quatrième étage, sous le regard blafard des pigeons lunaires, et quand la nuit sera totale, je dormirai un peu, recroquevillé sur ma paillasse en mal de lessive, à attendre le lever du jour et le début d'une nouvelle ronde des chansons.

mercredi 23 juin 2010

Appropriation des Moyens de Subsistance

Mercredi vingt-trois juin deux mille dix. Midi quarante-sept. Un peu plus de trois mois depuis ma dernière entrée biographique dans ce journal. Le temps est passé, vite, très vite, pas trop vite mais tout de même. Beaucoup de choses sont survenues dans mon continuum. Mon frère s'est marié, le commerce familial a déménagé dans le local voisin, au prix d'une bonne dose d'huile de coude, d'aide bénévole de nos amis et de nuits blanches passées à tout remettre en place. La famille devrait s'agrandir d'ici un petit mois, ma vie personnelle se ramifie, j'ai repris repris mes traductions professionnelles, tout en travaillant à temps triple, bref, je n'ai presque plus le temps de tout faire. D'où un regain d'activité, sur tous les fronts, car moins j'ai de temps, plus j'en fais.

Mon frère s'est marié début avril. La mariée était en vert, son père possède des vergers, qui produisent des cerises, lesquelles sont présentement engagées dans une conquête méthodique de mon gosier. Cinq fruits et légumes par minute, merci la belle-famille du frangin, vive la Drôme et vivent les Dromadaires. Le Tigre a changé de mode publicatif, mon marchand de journaux a cédé son affaire, et j'ignore si les nouveaux gérants continuent de vendre le périodique rayé. Comme il est quinzomadaire, je rate deux numéros sur trois. Je rêve de compléter ma collection en envoyant beaucoup d'argent à la maison mère pour une intégrale reliée cuir, orange et noir imitation tigre. Rrrr.

J'ai continué sur ma lancée mariagistique pour faire un crochet par l'Allemagne du nord, où ma cousine sautait le pas, dans les bras d'un brave banquier. J'ai pu renouer avec toute cette branche de l'arbre, voir ma tante et mon cousin, dormir sur le canapé de ma cousine, manger les tartines de mon oncle en admirant ses danseuses en céramique, causer teuton avec d'authentiques joueurs de l'Oeil noir, défunt (sur nos rivages) jeu de rôle ayant bercé mon enfance, toujours joué outre-Rhin, avec force. Troisième édition révisée, reliée cuir, etc.

La famille va bien. Mon grand-père de quatre-vingt-six ans, seul survivant de mes aïeux en ligne directe, survit bon pied, bon oeil, a fait le voyage en Allemagne, a même dansé avec la mariée. Je n'ai pas vu la danse, j'étais rentré me coucher sur le canapé relié cuir, etc., de ma cousine, à regarder l'Eurovision en compagnie de trois chats, deux enfants et un fan de Star Trek. La famille va bien, il me reste plusieurs grands-tantes, et tout le monde sur la génération de mes parents. Je touche tout un tas de matériaux, du bois, du contreplaqué, du cuir et du plastique, en espérant que ça durera.

Le Sultan est toujours en Chine. Sa famille s'est agrandie, d'une petite fille au prénom insolite (mais beau), je passerai les voir en deux mille onze s'ils y sont encore et que mes finances me le permettent. Pas de voyage international prévu pour deux mille dix, ou alors, en fin d'année, mais la période s'y prête mal, dans l'industrie des loisirs, la période des fêtes est synonyme d'activité intense. Et les finances, toujours. On en revient toujours aux finances...

La semaine dernière, je suis repassé sur Paris, pour voir des amis, de la famille, acheter des livres, me promener, aller au cinéma voir les films qui ne passaient plus en province. Manger. Jouer au boggle et au scrabble. Faire une partie de Shadowrun (je vais d'ailleurs lancer, courant août ou juillet, une campagne). Bref, croiser du monde, recroiser du remonde, profiter du beau temps, en attendant que la saison trop chaude ne commence en vrai. Vivement l'hiver.

Programme de la journée: continuer de tenir seul la boutique, en attendant que mon frère daigne se lever. Manger des cerises. Attendre que mon amie passe au magasin, elle devrait venir en soirée. Poursuivre mes lectures, si j'en suis réduit à l'inactivité (mais c'est peu probable). En ce moment, je dévore à petites doses "Broken Angels", de Richard Morgan, deuxième volume des aventures de Takeshi Kovacs, de la bonne science-fiction, avec ou sans espace, du cyber- et du post-humain, du géopolitique et du rétro-technologique. Bon.


Ce week-end, ultime escapade de la saison, championnats de France du jeu de cartes évolutif Trône de Fer, sur Poitiers, avec douze autres lyonnais ou assimilés, départ vendredi après-midi, retour dimanche soir ou lundi. Pourvu qu'il gèle. Winter is coming.

mardi 23 mars 2010

L'Homme-Printemps des Cavernes de l'Angoisse Exaltée

Mardi vingt-trois mars deux mille dix. Aucune constance dans la planque, ni dans la tenue de mon journal. Tant pis. La faute au boulot, au pas de connexion chez moi, au régime des coureurs cyclistes et à d'autres impondérables qui feraient mieux de s'acheter une balance (non, je ne vise personne dans le monde réel, je fais juste une jolie phrase un peu obscure, centrée sur un jeu de mots improvisé). Il fait beau, trop beau, encore que l'absence de pluie m'arrange plutôt rapport à l'étanchéité de mes chaussures. Il fait chaud, trop chaud, encore qu'onze degrés au matin, ça aille encore, c'est juste assez pour avoir laissé tomber le manteau, le pull et conservé t-shirt, chemise et blouson. Le soir, c'est un peu juste, mais en journée, un t-shirt suffit la plupart du temps.

Hier soir, fondue chinoise avec mon frère, ma belle-sœur et son frère. Retour au domicile vers une heure et demie du matin, après avoir longtemps cherché une borne vélométrique en bas de chez moi, en avoir trouvé une mais joué au chevalier des cavernes pour la céder à une jeune femme désespérée de n'en point trouver. Ma bonté me perdra. En attendant, ma bonté m'a fait tourner en rond pendant un quart d'heure, jusqu'à ce que je finisse par repérer un point d'ancrage à dix minutes à pied de chez moi. Avec le beau temps, de plus en plus de gens prennent le vélo pour rentrer le soir, et les travailleurs comme moi doivent prendre pied la route et user les petits souliers.

Hier, je me suis fait acheter des chaussettes. Elles sont très confortables, et présentent l'avantage certain de n'être pas (encore) trouées. Ce matin, le réveil a été difficile, mais a devancé d'une bonne demi-heure le dring final de la machine qui fait dring. Je savoure présentement mon premier mug de café de la matinée, au magasin, en écoutant Miles Davis et en poursuivant mon rangement des arrivages d'hier.

Au programme du jour: travailler. En attente, de nombreux livres en réassort, des boîtes magiques et sans doute quelques surprises, comme les chevaliers médiévaux à ressort venus du Québec, fraîchement débarqués hier sur nos rivages rhôni-alpinaux. Si j'ai des temps morts, ce qui n'arrivera pas, je poursuivrai ma lecture de l'avant-dernier Robin Hobb, "The Dragon Keeper", que j'ai entamé ce dimanche en prévision d'attaquer un jour le tout dernier, qui nous est arrivé la semaine dernière, "Dragon Haven", suite et fin du dyptique des "Rain Wild Chronicles". Pendant ce temps, en France, le huitième et dernier fragment de la "Soldier Son Trilogy" (le cycle du Soldat-Chamane) vient de sortir en grand format.

lundi 8 mars 2010

Faible Femme, Sombre Brute

Lundi huit mars deux mille dix. Vingt heures sept du soir. Je n'ai pas encore dîné, ni même déjeuné. Je ne suis pas sûr d'y parvenir ce soir, j'ai trop de boulot. Au programme, finir d'inventorier le contenu de sept ou huit cartons reçus dans la journée, analyser le contenu dudit contenu, en rendre compte à mes clients, par la rédaction et l'envoi de courriers électroniques massivement diffusés. Faire progressivement disparaître la masse ludique incriminée, au profit soit de ma collection personnelle, soit de Moloch, mon sac sans fond. Je sais où sont les missiles, colonel.

Honor Harrington est nulle. Elle n'a même pas réussi à apparaître dans les pages de "Flag in Exile", roman de David Weber que j'avais l'ambition de commencer ce matin. Au final, je n'ai pas fini le premier paragraphe de la première page du prologue. C'est le cinquième roman du cycle, la fin du précédent a vu l'héroïne en bien mauvaise posture, et je suis soucieux de sa santé. Si j'ai le temps, ce soir, je poursuivrai mon enquête. Entre deux tartines de camembert, la fête est plus molle.

Journée Solide, Nuit Liquide

Lundi huit mars deux mille dix. Onze heures seize du matin. Le temps file à toute allure. Déjà deux mois depuis mon dernier billet. Hier, il a neigé, mais ça n'a pas tenu (sauf à la campagne, où les trains sont bloqués). Le froid est vivifiant, juste la petite pointe de dents de lait qui mordillent le col et les mains, le baiser du vent qui fouette gentiment le visage, sur le vélo. Le visage n'est pas directement posé sur le vélo, mais on m'aura compris.

Je tiens la boutique seul, ce matin. Mon frère est resté coincé dans la Drôme, en pleine tempête de neige. Il y passait la journée pour tester le traiteur qui catérera le mariage (il se marie dans un mois). Du coup, je suis seul, ce matin, face au vide du client qui s'imagine, à tort, que notre commerce est fermé le lundi. Ni le lundi, ni le mardi, ni le dimanche; nous sommes ouverts sept jours sur sept. C'est, de fait, ma huitième journée de travail consécutive. Heureusement, je chômerai le week-end prochain.

Treize heures vingt. Petite ellipse composée de clients, de livraisons, d'emails, de coups de téléphone et de gestion des affaires courantes. Le temps passe vite. Il fuit ainsi qu'un labrador sur la pampa. L'estomac se vide.

Programme de la journée: la même chose. Travailler d'arrache-cœur, attendre le retour du frère et réduire l'écart avec le degré zéro. Il fait trop chaud. En lecture, David Weber, Charlaine Harris, Iain M. Banks et Mélanie Fazi. De vendredi prochain au lundi suivant, je serai à Bordeaux.

vendredi 29 janvier 2010

Bitumineux

Vendredi vingt-neuf janvier deux mille dix. Vingt heures quarante-six. Douzième jour de travail consécutif. Encore deux, et je prendrai peut-être une journée de repos, histoire de tenir le coup les treize jours suivants, que je suis parti pour œuvrer consécutivement. Heureusement que j'ai de l'endurance (et que les journées ne font en moyenne que quinze heures de travail, sinon je pourrais avoir du mal).

Les plaies de ma chute à vélo se sont peu à peu résorbées; le bras perdu a repoussé, les brûlures au troisième degré n'ont laissé qu'une légère dorure sur l'épiderme régénéré, les yeux exorbités ont regagné leurs gouffres cosmiques. Bénie soit ma constitution de Klingon, et les organes surnuméraires dont la Nature m'a pourvu. Exagérations mises à part, je me remets lentement des bleus et des contusions, j'ai encore un peu mal au dos, mes côtes sont endolories et les dermabrasions ont produit une belle croûte qui protégera les tissus internes de l'air ambiant, le temps que l'organisme fasse son travail et que le derme cicatrise. Je peux m'estimer heureux. Je ris d'ailleurs de joie, d'une joie contenue par ma morgue habituelle, mais au dedans, c'est un soleil éclatant qui rayonne. Prenez garde aux radiations.

Ce soir, je suis seul au magasin. Mon frère est sorti dîner avec son amie, il devrait revenir dans deux ou trois heures; j'ignore si je serai encore présent. Motif officiel de ma présence prolongée en ces lieux: faire du rangement. Raison réelle, secrète et sous-jacente: faire du rangement. Il y en a, de fait, bien besoin. Pour mieux étayer mon exo-squelette, exercer mon sacerdoce et étaler le contenu de la réserve sur le dallage, inconscient de ce qui l'attend, de la boutique, j'ai hermétiquement scellé l'accès à l'arrière-salle, où les rôlistes et plateauïstes du vendredi soir s'ébattent dans leur milieu naturel. J'ai une mission pour le Seigneur, et je saurai m'en acquitter. Pour ce faire, il a fallu faire des sacrifices, et réduire la membrane qui m'unit à ma communauté. Qu'elle repose en paix.

Hier soir, je suis rentré tôt, j'étais chez moi à vingt-et-une heures, au lit à vingt-deux et endormi à vingt-deux heures vingt-quatre. A vingt-trois heures vingt-cinq, j'étais de nouveau éveillé, et il m'a fallu attendre près de cinq heures du matin, pour que le sommeil revienne. La nuit aura donc été courte, d'autant plus courte qu'hier, le schéma n'a été différent que par l'heure plus tardive à laquelle j'ai regagné mon domicile, mais l'assombrissement dans les vapeurs méphitiques de l'outre-espace n'est survenu que vers les cinq ou six heures du matin (idem lundi, voire mardi). Bref, j'ai peu dormi, et mon humeur en début de journée s'en est ressentie, bien que ma bougonnante aura ait fini par retomber, en fin de soufflé, à mesure que la journée s'écoulait. Ce soir, j'ai mal aux épaules, et j'ai les orbites lasses, mais je suis apaisé.

Bilan de mes insomnies, mes lectures ont avancé plus vite que de coutume. J'ai lu les deux premiers volets des aventures de Honor Harrington, capitaine stellaire, telles que décrites par David Weber. J'ai réglé son compte à Nicolas Le Breton, dont "Le Maître des Gargouilles", une enquête dans le Lyon médiéval, m'a tenu en haleine une nuit durant. J'ai entamé, et bien avancé, "La Reine d'Amérique", de Russell-H Greenan, et j'ai lu une autre Série Noire en début de semaine, je ne sais plus laquelle, au juste (mais c'était bien). Un libraire de mes amis (et clients) m'alimente chaque semaine en polars, et parfois en romans de science-fiction, en m'apportant le mardi soir une sélection de cinq ou six romans d'occasion puisés dans son fond de commerce. J'achète généralement les yeux fermés, et je viendrai un jour à bout du tout. Oh, oui. Un beau jour, ou peut-être une nuit.

Vingt-et-une heures. Je vais retourner à mes rangements. Un reste de cassoulet froid m'attend dans mon frigo, et j'ai bon espoir de l'aller rejoindre d'ici une ou deux heures. Mais d'abord, mettre de l'ordre dans le chaos ambiant. Programme de la soirée: voir ci-dessus. Rentrer. Lire. Dormir si je peux. Demain matin, onze heures, premier tournoi magique du week-end (ils seront au nombre de cinq). Ce week-end, grands tournois d'avant-première sur la nouveauté magique de la semaine prochaine, la Veille Mondiale (traduction libre du titre, qui ne sera apparemment pas traduit). Il faudra que je songe à me mettre sur ce jeu, à l'occasion, histoire de voir comment il tourne.

mercredi 27 janvier 2010

Danse avec l'Asphalte

Mercredi vingt-sept janvier deux mille dix. Vingt heures trente-et-une du matin. Je poursuis ma traversée du vingt-et-unième siècle en solitaire. Pour le moment, tout se passe bien. La température au sol est de moins quatre degrés, paraît-il (je ne suis pas encore sorti vérifier). En intérieur, elle est suffisante. Il va bientôt neiger. J'attends de voir.

Avant-hier, je suis tombé de vélo, tôt le matin, sur les coups de midi, alors que je moulinais ferme, en danseuse, sans que mon postérieur touchât la selle, donc, mais avec pour conséquence une sorte de chorégraphie avec le bitume du plus bel effet, dont deux genoux, un coude et divers micro dermabrasions. J'ai saigné, mais peu. Mon pantalon a survécu, sans déchirure, à la chute (mon blouson, en revanche, présente un accroc important sur la manche ayant amorti l'impact). L'essentiel du choc a été encaissé par l'épaule, heureusement rembourrée, avec omoplate et muscles endoloris pour la nuque attenante. Pas de fracture, mais des contusions, des bleus et des contractures musculaires. Les lunettes n'ont rien eu, bien qu'elles eussent volé.

Le vélo était un vélo libre version lyonnaise, plus léger que ses descendants de la capitale, sans doute moins robuste, aussi (je n'ai jamais déraillé avec les spécimens parisiens, alors que c'est la deuxième fois, sur Lyon, que je tombe de vélo, ou peu s'en fallut la première fois, à cause d'une chaîne qui décide, en plein effort, de quitter son sillon pour me précipiter sur le plancher des vaches; je n'apprécie que modérément). Conséquence directe, j'ai reporté ma partie de badminton. Parce que j'ai déjà assez de courbatures comme ça.

Je me suis mis à lire les aventures d'Honor Harrington, officier de la marine navale de l'espace de la puissante monarchie éclairée de Manticore, telles que narrées par l'Américain David Weber. J'en suis au second volet, "The Honor of the Queen", après avoir apprécié "On Basilisk Station", premier volume de la série, la semaine dernière. C'est également mon programme de la soirée, une fois regagné le domicile, frigorifié à vélo, après la clôture du tournoi magique du jour. L'hiver approche!

dimanche 17 janvier 2010

Garanti sans Conservateur

Dimanche dix-sept janvier deux mille dix. Vingt-trois heures neuf. Aujourd'hui, je ne travaille pas. C'est mon jour de congé. Pourquoi, dès lors, suis-je au boulot, en train de boucler la journée comptable du commerce que je tiens le reste du temps? Par commodité: je n'ai pas de connexion internet chez moi. Le Réseau m'appelle, et je réponds présent.

Je suis rentré chez moi vers six heures, ce matin, après une partie de jeu de rôle où j'ai tenu la chandelle, volé la dynamite et tué les méchants nazis. En simultané, un tournoi magique à tenir, des cartes de lot à donner aux heureux lauréats, des ventes à stimuler, des malaises à simuler et des biscuits salés à manger par palettes. Vers trois heures du matin, je me suis attaqué au bouclage, puis à la gestion du stock. La réserve est à peu près rangée. J'ai encore prévu d'y donner un coup de pelle demain matin, si je me motive pour venir tôt.

Cela va faire cinq ans, peu ou prou, que je tiens le présent journal, hébergé successivement où j'ai pu. Je ne sais plus si la naissance en remonte à janvier, ou mars. J'ai prévu, un jour, de relire le tout, depuis le début, pour faire sens de ma vie ce lustre écoulé. Je ne sais pas si ça en vaut vraiment la peine: j'ai une idée assez juste de ce que fut ma vie, le passé est, comme on l'imagine, révolu, le chemin parcouru est considérable. Je n'ai, de fait, que peu de contacts avec le milieu où je baignais il y a cinq ans. Les regrets sont variables.

L'introspection qu'occasionne la rédaction d'un journal semi-public, a des côtés plaisants. Elle permet de se régler avec soi-même sur certains éléments restés sous-jacents dans la gestion du quotidien (un peu comme le sommeil, et les rêves, qui mettent à plat le bagage, accèdent à l'inconscient et modifient le faisceau de compromis qui s'édifie en personnalité). La part d'exhibitionnisme qui sommeille en tout littérateur se voit apaisée par la pseudo-publication (on me lira), le travail sur le texte permet de ménager des effets de style à bon compte, sans avoir la pression que représente l'enjeu d'une publication officielle, dans les circuits professionnels. Ni ambition, ni enjeu.

Programme de la soirée: boucler la journée du magasin. Jouer encore un peu, si des parties s'offrent à moi et que la fatigue le permet. Rentrer tôt (avant une heure du matin), lire quelques heures, dormir. Au matin, faire des courses, reprendre le chemin du commerce, ranger ce qui doit l'être. Entamer un nouveau cycle. La fin du mois est proche, deux mille dix touche à son terme, repentez-vous, vos charpentes menacent de s'effondrer dans la lie des siècles. Rigueur de la postérité.

vendredi 15 janvier 2010

Mort Thermique de l'Univers

Vendredi seize janvier deux mille dix. Minuit dix-neuf du soir. En Chine, personne ne vous entendra crier. J'entame ma quinzième heure de travail. Alors que la fatigue me guette (hier, dix-huit heures de travail consécutives, rentré chez moi vers quatre heures du matin, debout ce matin pour neuf heures et demie), j'ai entrepris de ranger complètement la réserve du magasin. Je vais sans doute y passer la nuit, et je n'ai aucune idée de comment je tiendrai demain. Sans parler de ma partie de jeu de rôles prévue, en nocturne, dans les locaux de l'association.

Il y a deux ans, je démissionnais de l'Education Nationale. Pour me changer les idées, je partais en Chine, où je serai resté un an, peu ou prou, toujours à enseigner. Il y a un an, je donnais mon dernier cours. Cet aspect-là du métier ne me manque pas. Le contact individuel avec les jeunes, un peu, encore que, je le retrouve, sous une autre forme, dans le jeu organisé et les relations publiques propres à la tenue d'un commerce. Le bilan est positif. Je dors peu, mais j'ai le moral. Pas un instant je n'ai regretté d'arrêter l'enseignement, pour lequel je n'étais pas fait, et j'envisage d'exercer ma profession actuelle jusqu'à ce que mort s'ensuive (ou la retraite, sait-on jamais, si elle existe encore dans une quarantaine d'années).

J'ai entamé hier soir le tour dernier roman de Jasper Fforde, "Shades of Grey", dans une société post-révolutionnaire fondée sur un spectre chromatique, selon les couleurs perçues par les membres des différentes castes. Pour le moment, ça n'est pas très original, mais je suis prêt à lui donner sa chance (son cycle du Bookworld, les aventures de Thursday Next, détective littéraire, sont formidables). Je le lirai ce dimanche, qui sera mon jour de congé de la décennie. Félicité dans les chaumières.

Je me suis foulé la cheville. Hier, je penchais plutôt pour la gauche, aujourd'hui c'est résolument la droite qui me fait souffrir. Quelques dizaines d'heures à piétiner, en transportant des charges lourdes, et il n'y paraîtra plus.

Programme de la nuit: ranger la réserve, inventorier le contenu d'icelle, ne pas dormir, ou tout laisser tomber dans un quart d'heure pour rentrer chez moi, dormir. Demain, être un zombie dans un gant de velours, voir se coucher le soleil en milieu de matinée, émerger d'une profonde étreinte avec le bitume mental pour entonner des mélopées contradictoires avec les constellations pivoines. Ou autre chose. Ce qui me rappelle que je n'ai toujours pas, copieusement pas, dîné. On verra ça pour le petit-déjeuner, s'il est une aube pour envisager ce type d'agape.

mercredi 13 janvier 2010

Dans l'Espace, Personne ne Vous Entendra Manger des Tartines

Mercredi treize janvier deux mille dix. Vingt-et-une heures quarante-huit. Le tournoi magique du soir touche à sa fin. Les joueurs ne tarderont pas à s'en retourner vers leurs domiciles respectifs, le cœur empli de joie. Je resterai, pour ma part, encore un peu, le temps de boucler ma journée, retrouver des produits vendus à la va-vite, remettre des boissons dans Moloch le Réfrigérant, toujours avide de recevoir sa ration quotidienne de sacrifices. Lire un peu, surfouiller la Toile. Avoir mal à la cheville, en espérant ne pas me l'être foulée.

L'hiver touche à sa fin. Il a été plutôt blanc, un peu poudreux, un peu glissant, il persiste encore dans l'ombre des doigts ou au détour d'un courant d'air plus frais qu'un autre, mais dans l'ensemble, aujourd'hui, l'ambiance était chaleureuse, printanière. Il faisait quatre degrés. Je me suis promené dehors sans manteau, en pull-over, toujours avec ma fidèle écharpe qui ne me quittera qu'en avril. Ce matin, j'ai fait la grasse matinée. Le travail d'équipe permet parfois ce genre de luxe.

Bonne année. Il paraît que nous avons changé d'ère. Dixième année du vingt-et-unième siècle, n'en déplaise aux moutons qui ont célébré le nouveau millénaire un an trop tôt. Je n'en démordrai pas. Hugh Jackman était beaucoup trop grand pour le rôle. Et le cuir noir, c'est très laid. Vivent les justaucorps jaune et bleu (avec ou sans accord de l'adjectif chromatique au nom qui le précède, mais réformez-moi tout ça, boudiou, mais que font les Immortels quand on a besoin d'eux? Réponse: ils meurent, resquiet in pacem Claude Lévi-Strauss, i tutti quanti). Mais je m'égare.

L'année deux mille neuf s'est bien terminée. En compagnie de mon frère, de ma belle-sœur et de quelques centaines de passagers anonymes, je suis remonté, pour la Saint-Sylvestre, en mon Île-de-France natale, où j'ai réveillonné, plusieurs fois d'affilée, avec des amis, de la famille et encore des amis. Et de la famille. Et j'ai repris le train. Et le chemin du travail. Et il est recommandé, en français, de ne pas commencer de phrase par une conjonction de coordination.

Je suis en forme. Je n'ai, à vrai dire, jamais été en aussi bonne forme. A moins que. Je ne sais plus. A mon âge, on commence à perdre la tête (seconde allusion à Highlander dans ce billet). Je m'épanouis dans mon travail, j'ai allégrement entamé le onzième mois dans l'entreprise familiale, et je pense maîtriser de mieux en mieux mon instrument. Mon sens des rapports humains, ma mémoire surentraînée et mon endurance de marathonien font de moi l'homme idéal pour le poste que j'occupe. Je suis content de ne plus être prof, je n'étais tout bonnement pas à ma place derrière un pupitre. Un comptoir vaut mieux que deux tu l'auras.

Lectures du moment. "Excession", de Iain M. Banks, cinquième volet du cycle de la Culture. "On Basilisk Station", de David Weber, premier chapitre des aventures de Honor Harington. De la science-fiction. Dans l'espace. Avec des vaisseaux, des robots, des trous-de-ver, des empires qui guerroient, des explosions et des drames. Toujours dans l'espace, la partie one-shot de jeu de rôles du deux janvier a subi le contre-coup de la fatigue générale, d'où frictions, aigreurs, plaisir inégal. Gageons qu'il ne se sera agi que d'une ornière passagère. Les loisirs sont là pour être vécus dans la bonne humeur.

Que dire d'autre? Hmm. Il ne se passe rien de transcendant dans ma vie, elle est bonne, j'en suis content. De gros changements à venir en deux mille dix, un agrandissement du local occupé par le magasin, un mariage et plus si affinités du côté de mon frère, une grosse convention du jeu pour la fin de l'année. De l'argent, en petite quantité; du temps libre, pour lire enfin tous les livres accumulés; un ou deux voyages, à l'autre bout du monde ou quelque part en Europe, sans doute un peu des deux. Tout dépendra du timing, des finances, de la disponibilité de mes partenaires commerciaux.

Il pleuvait, hier soir. Je me suis remis au jeu de cartes évolutif adapté des romans de George R. R. Martin, "A Game of Thrones". J'ai pu prendre place à une table de Shadowrun. J'ai attaqué un roman que j'ai bon espoir de finir demain. Je dors cinq heures par nuit. Je suis une dynamo humaine. Je crains de m'être foulé la cheville en courant comme un con vers la boulangerie. Ou pas. On verra demain si elle a enflé.

Programme de la soirée: ranger encore quelque peu mon lieu de travail. Nettoyage par le vide? Retour au bercail peu après, ou peu avant minuit. Lecture sur le pouce, selon la fatigue. Demain matin, faire des courses. Tenir seul le magasin un moment, recevoir des colis. Ployer sous la charge. Ce soir, avant d'avoir quitté la boutique, tenter de vider la table de travail, aussi impossible cela soit-il. Vivre longtemps, et prospérer.