dimanche 1 mai 2011

A la Solde du Grand Capital

Dimanche premier mai deux mille onze. Dix-Sept heures trente-et-une. En bon social-traître, je travaille un premier mai, a fortiori s'il tombe un dimanche. Horaires allégés, passants émiettés, je travaille peu, mais je travaille. Comme je suis mon propre patron, je le fais parce que je le veux bien. Les transports en commun lyonnais ont, quant à eux, décidé qu'ils ne travailleraient pas; c'est apparemment une obligation religieuse parmi les classes laborieuses.

Du temps a passé depuis ma dernière intervention. Nulle raison précise à ce long silence, sinon la vie quotidienne qui s'immisce dans les interstices du réel pour plaquer sur le défilement des jours un filtre de monotonie. Le tapis roulant s'accélère avec les années, toujours plus près du terme du voyage, le bout de la route se fait plus proche, et la trame du réel plus friable. Mais je tiens bon.

Je viens de franchir le cap de mon tiers de siècle extra-utérin. A mon âge, Jésus était mort (et nécro-animé). Il me reste encore deux tiers de siècle, et j'attaquerai le second (je ne pense pas qu'il y en aura un troisième). Pour le moment, la machine tourne encore, malgré quelques raideurs dans les articulations, et ma maladresse qui persiste malgré les points d'expérience que j'investis pour compenser ma pénalité initiale. Il faudrait que je reprenne une activité physique plus régulière, le badminton une heure par semaine (reprise le neuf mai), de la course à pied (j'ai découvert un parc, et peut-être un stade, à un jet de pierre de chez mon aimée), de la bicyclette (regonfler la mienne et filer comme le vent).

Ma journée touche à son terme. Je me serais plus étendu si l'ennui avait été au rendez-vous, mais il m'a déçu. J'ai eu des clients, des passants, des amis et ma mère. J'ai tout de même pu avancer ma lecture ("Le Dernier Vœu", d'Andrzej Sapkowski), que je devrais achever ce soir. Je suis aussi en train de me lire l'avant-dernier roman de Michael Connelly. Et de boire du jus de fruits.

Programme de la soirée: une fois que le tournoi de cartes que j'héberge sera terminé, manger quelque chose, me retirer pour la nuit dans l'une ou l'autre de mes résidences perpétuelles, lire et dormir. Demain, un affrontement futuriste sur une table, une promenade et un repas. En bonne compagnie. Et de la lecture, si j'en ai le temps.

mardi 1 mars 2011

La Forge des Enfers

Mardi premier mars deux mille onze. Vingt heures trente-huit du matin. La journée de travail touche à sa fin. Il me reste encore quelques heures de boulot à abattre avant de pouvoir quitter mon lieu d'asservissement. Je suis mon propre patron, mais il arrive que je trouve les journées un peu longues. Je bosse sans interruption depuis un peu plus de dix heures. Je compte mettre les voiles dans trois heures environ. Dans l'intervalle, j'aurai encore pas mal de choses à accomplir, et je sais que je n'aurai pas le temps de tout faire. Ni la stamina.

Cela fait trois bons mois que je n'ai rien dit. Non qu'il ne se passe rien, mais le temps manque pour passer sur cet espace, les choses à vivre ne sont pas systématiquement des choses à dire, et s'exprimer ici relève de l'utilisation de temps libre, une commodité qui depuis quelques mois me fait cruellement défaut (ou que je consacre à des choses plus vitales). Dans ma vie, un peu de la même chose, dans des proportions variables. Je ne pense pas avoir radicalement changé de mode de vie, même si les choix quotidiens ne sont plus les mêmes dès lors qu'on est en couple. Il y a des concessions à faire, que je n'aurais pas envisagées il y a un an. Les aspects négatifs de la relation ne sont dus qu'aux circonstances qui entourent mon amie, qui en ce moment, n'est pas à la fête. Je la soutiens, des amis, communs ou qui lui sont propres, la soutiennent aussi. Il faut tenir bon.

L'hiver est passé comme un rêve. Je suis resté dans une logique de fatigue intense, sans vraiment pouvoir me reposer, et la coupure d'une semaine que je m'étais accordée il y a deux semaines, la première depuis un an et demi, n'a pas été aussi reposante que prévu, la faute aux problème mécaniques, de santé, de moral, bref, aux circonstances extérieures. Malgré tout, je demeure un éternel optimiste, et je ne peux m'empêcher de voir du positif en toute circonstance.

Je suis en train de lire un roman de K. J. Parker, en français dans la traduction, par commodité vu que je n'avais que cette édition là sous la main, "Les Couleurs de l'Acier". Un escrimeur avocat est victime d'une malédiction. Un univers baroque intéressant, une fantasy moins gnangnan que la moyenne.

Je suis en train de lire. Un roman de Richard Morgan, "Woken Furies", qui est le prolongement de "Altered Carbon" et "Broken Angels". Du cyberpunk post-humain. Avec des vrais morceaux de choses bien dedans.

Je suis en train de travailler. C'est le programme de la soirée, après un éventuel passage dans la salle de jeu. Pour jouer, ou déplorer l'évolution des choses. Ou me féliciter. Ou me plaindre. Ou profiter du temps qui passe pour unir ma complainte à celle du sentier.