mardi 30 décembre 2008

La Mélopée des Briques

Mercredi trente-et-un décembre deux mille huit. Midi vingt-sept (heure française, cinq heures vingt-sept du matin). Une grosse semaine me sépare désormais de la libération; non que je vive véritablement l'enseignement comme un calvaire de tous les instants, mais ce métier puise en moi des forces vives qui mettent trop de temps à se reconstituer. J'y laisse de ma personne, et ce que j'en retire se résume, bien trop souvent, à une satisfaction passagère, un peu de frustration quand les tentatives n'aboutissent pas, et des souvenirs émus pour quand l'éloignement aura converti le quotidien en nostalgie.

Une dizaine de jours me séparent de la précédente entrée. Depuis, je n'ai fait qu'affermir ma résolution de quitter les lieux au plus vite, c'est-à-dire après le mariage du Sultan, voire du nouvel an chinois, qui tombe le vingt-six janvier, si je parviens à tenir jusque-là. Le superviseur des enseignants étrangers m'a, au nom du proviseur, demandé de reconsidérer ma décision, mais j'ai su rester inflexible. Il faut dire que ma vie, dans les mois à venir, ne doit pas être ici. Un an m'aura suffi à faire le tour du lieu, je puis donc partir sans regret.

La semaine dernière a été quelque peu mouvementée. Entre les leçons, l'effervescence de saison m'a sollicité pour animer le goûter de Noël d'une école privée donnant des cours d'anglais aux gosses de riches du coin. J'y suis allé deux fois, une avec le Sultan et une seconde seul, avec à chaque fois une centaine d'enfants âgés de cinq à douze ans, dans un pseudo-Kentucky Fried Chicken local (mais meilleur que l'original).

Ellipse. Il est désormais dix-sept heures quarante. Je rentre à l'instant du spectacle de Nouvel An organisé par le lycée: chants, danses et sketches humoristiques. J'y ai interprété, avec l'aide du Sultan pour les refrains, Yellow Submarine des Beatles, a capella, devant cinq mille élèves. C'est une chanson facile à chanter, facile à comprendre, pas trop longue, idéale pour un public jeune.

Aujourd'hui, j'ai reçu ma paie du mois. J'espère la conserver longtemps, rentrer en France avec quelques économies, histoire de voir venir. Il s'agira de ma dernière paie pleine, puisque mon contrat prend fin dans neuf jours. Le repos me fera le plus grand bien, je commence à saturer, niveau boulot. Je n'ose même pas imaginer comment les salariés ordinaires supportent le leur.

Programme de la journée, enfin de la soirée, puisque la nuit tombe: bouquiner au froid, avant de sortir manger quelque chose de chaud pour fêter le saut de l'an. Je suis depuis deux jours sur The Dain Curse, un Dashiel Hammett qui manquait à mon palmarès. Un Douglas Coupland s'apprête à en prendre le relais.

lundi 22 décembre 2008

Rafraîchissement

Mardi vingt-trois décembre deux mille huit. Neuf heures vingt du matin (heure française, deux heures vingt du même matin). L'hiver nous est tombé dessus à l'improviste. Avant-hier, il faisait vingt-cinq degrés en plein soleil, je me promenais en short. Hier soir, il faisait zéro degrés, avec des moufles. La Chine ne plaisante pas avec son calendrier.

Moins de trois semaines de cours me séparent encore de la libération (même si je serai triste de les quitter, mes deux mille morpions). J'ai appris vendredi dernier que le semestre prendrait fin, en ce qui me concerne, le neuf janvier, et que je ne serai plus payé au-delà. Je peux tout de même squatter gracieusement jusqu'à fin janvier.

Le Sultan, qui habite l'appartement voisin et occupait le siège d'à côté dans le charter qui nous a débarqués au Capitalistan, doit se marier autour du vingt janvier, donc je resterai au moins jusque là. Dans la foulée, je resterai probablement pour voir le Nouvel An Chinois, il paraît que ça vaut le coup, et puis des éles m'ont invité chez eux pour l'occasion.

Dans la semaine, il faudra que je pense à contacter ma compagnie d'aviation privée pour savoir s'il est possible de modifier la date de mon retour aéroporté. A vue de nez, si mes plans se concrétisent, ça me ferait rentrer en France vers le premier février, ou le deux, enfin dans ces eaux-là, plutôt que le vingt-et-un. Mais ça reste à confirmer, si ça se trouve mon billet d'avion est inamovible.

Le lundi est toujours agréable, pour l'enseignant que je prétends être, parce que j'ai les meilleures classes, l'une après l'autre, sans trop de pause au milieu. Le mardi, c'est plus dur, et le reste de la semaine n'est qu'une longue traversée du désert, parsemée d'îlots hospitaliers. Mais le planning de ma semaine est vraiment fait n'importe comment.

Ce matin, pas moyen de diffuser Wallace & Gromit à mes seconde onze, parce que leur connasse de prof principale a embarqué les TROIS clefs du téléviseur. Deuxième fois qu'elle me fait le coup. Je me suis rattrapé aux branches en meublant comme j'ai pu. Mais, bon; m'énerve. La semaine prochaine, je l'agresserai dans une ruelle obscure pour lui faire comprendre qui a raison. Non, mais.

Demain, je ne travaillerai pas. J'ai obtenu mon vingt-quatre décembre, parce que le mercredi est plus dur à bosser que le jeudi, je bosse à huit heures. Voilà tout le sens que revêt pour moi la fête de Noël, une chance de faire la grasse matinée (si mes connards de voisins n'écoutent pas de la variétoche dès six heures du matin, comme hier soir après onze heures, et si le chantier de l'immeuble en construction derrière le mien, qui s'est poursuivi toute la nuit hier jusqu'à cinq heures du matin, n'en rajoute pas une couche dans les horaires à la con).

Ayn Rand est une conne. J'ai coulé son pavé indigeste dans une dalle en béton. Je me suis attaqué à Cercles, de Yannick Haenel, un des séides de Philippe Sollers. Pour le moment, c'est l'histoire d'un type qui abandonne son boulot un beau matin d'avril, déambule le long de la Seine en déballant des platitudes et tombe amoureux d'une danseuse russe. Ecriture légère, parfois poétique (avec une grosse dette du côté de Rimbaud, mais bon, moi aussi). J'y retrouve le tracé de mes balades d'autrefois dans Paris.

Programme de la journée: encore cinq cours et un atelier de conversation. Impossible de jouer au badminton cette semaine, le gymnase a été converti en salle d'exposition pour les croûtes locales. Ce soir, repas de Noël organisé par une école de cours d'anglais privés des environs, je vais devoir m'occuper des chiards jusqu'à pas d'heure. J'adore mon métier. Plus que soixante-sept heures de cours, et je serai libre.

jeudi 18 décembre 2008

Du Lapin sur la Planche

Vendredi dix-neuf décembre deux mille huit. Treize heures trente-cinq (heure française, six heures trente-cinq du matin). Plus que trois heures de cours avant le week-end. Je ne l'aurai pas volé. Pendant une soixantaine d'heures, je pourrai me reposer, tenter de rattraper le temps perdu sur le Never-Ending Book Quiz, aller marcher dans les collines et me casser la tête contre l'ennui intrinsèque à la lecture d'Ayn Rand.

Dimanche dernier, j'ai finalement couru mes dix kilomètres, en cinquante-et-une minutes environ. Mes tendons s'en ressentent toujours. Il s'agissait de mon tout premier dix mille mètres, donc je ne sais pas si je pourrai améliorer, à l'occasion, mon temps de référence. Le record du monde est de vingt-six minutes. Je pense que quand mes tendons me le permettront, je me remettrai à courir la distance jusqu'à ce qu'elle me soit confortable. Je tenterai alors de me lancer dans le semi-marathon. Dans quelques années.

Cette semaine, je vais bosser, non la mort dans l'âme, mais déterminé à en découdre. La semaine passée, j'ai diffusé un dessin animé dans mes vingt-six classes, si bien que les élèves tiennent désormais pour acquis que je leur ferai regarder la télévision chaque semaine jusqu'à la fin du semestre. Je m'empresse, heure après heure, de les dissuader de leurs conceptions erronées. Mais je me suis emporté quelquefois. Les conséquences sont plutôt positives, les élèves chinois étant apparemment habitués à ce que leurs profs fassent preuve d'autorité.

Plus que trois heures. A en croire les informations fournies ce matin par certains élèves, il ne resterait plus que trois semaines de cours avant la fin du semestre. Si je pars de cette base, je peux me réjouir de ne plus avoir beaucoup à tirer. La semaine prochaine, je bénéficierai d'un à deux jours de congé pour Noël, dont la date me reste libre à fixer (je verrais bien Noël tomber un vingt-trois décembre, pour changer).

Dans deux semaines, pour le passage à la nouvelle année, l'école prévoit une journée de festivités, avec chants, danses et déclamations. Je risque de finir par chanter un tube des Backstreet Boys, pour faire dans le consensuel. Je ne les sens pas encore prêts pour Metallica. Devant les cinq mille élèves du lycée assemblés, je me ridiculiserai pour la postérité.

Ellipse. Dix-huit heures douze (heure française, onze heure douze du matin). Après avoir prodigué ma sagesse aux trois dernières classes de la semaine, je ressors d'un entretien avec mon patron qui m'a confirmé la date des vacances, tout en me précisant que je ne serais plus payé au-delà du neuf janvier... Il faudra que je voie si la date de mon retour aérien ne peut pas être avancée de quelques semaines, si je me retrouve en Chine sans revenu pendant un mois et demi, autant rentrer avant (après le nouvel an chinois, qui tombe le vingt-six janvier, et après le mariage du Sultan, qui devrait survenir la semaine d'avant).

Programme de la soirée: rester au chaud (enfin, au froid, puisque la nuit est tombée) un moment, puis sortir manger quelque chose de chaud. Hop. Deux fois "chaud" dans la même phrase: je vais à l'encontre de tous les manuels de stylistique. Poursuivre ma lecture d'Ayn Rand, qui décidément ne fait pas dans la subtilité. Ses personnages sont des entrepreneurs monomaniques, dénués de tout sens des relations sociales, dressés en ultime rempart contre les hordes du communisme planétaire. Je ne sais pas encore comment la situation va évoluer, donc je poursuis ma lecture, mais je commence à avoir du mal avec le propos du bouquin, tant il est peu nuancé.

samedi 13 décembre 2008

Pentecôte pour un Pangolin

Dimanche quatorze décembre deux mille huit. Quinze heures vingt (heure française, huit heures vingt du même matin). Il est des jours qui filent à la vitesse de l'éclair. Il en est d'autres qui se traînent à la vitesse d'un limaçon apathique. Aujourd'hui reste suspendu quelque part entre les deux. Quant au défilement des jours, des mois et des semaines, il appartient décidément à la seconde catégorie.

Aujourd'hui, je trouve le temps long à moyen terme, et trop bref à court terme. Je peine à trouver comment meubler les cent cinquante-six heures de cours qu'il me reste à dispenser d'ici au vingt-trois janvier, date officielle de mes vacances. Six semaines m'en séparent. Pour demain et les quatre jours suivants, je prévois une thématique de saison (expliquer à mes ouailles, qui ne fêtent pas Noël, comment on la célébre de mon côté du Rideau d'Argent). Pour la suite, mystère... Quant au contenu précis du cours de la semaine, je m'en occuperai sans doute demain matin.

Depuis deux jours, je n'ai pu me rendre sur internet, mon ordinateur personnel, ou plutôt le système d'exploitation tournant dessus, Windows XP version piratée officielle chinoise, ayant subitement décidé de rendre l'âme. Combustion spontanée. Mon PC n'était plus qu'un gros presse-papier où seul marchait encore mon lecteur de livres électroniques stockés sur mes disques durs externes.

Sur les conseils du Sultan, et avec ma bénédiction, je viens de me faire installer Ubuntu, une plateforme Linux, qui a le mérite d'être officiellement gratuite (pas uniquement en Chine, mais dans le monde entier, y compris chez mon père). Je tâtonne depuis ce matin pour me familiariser avec l'engin, mais je constate d'ores et déjà que ma bécane tourne beaucoup plus vite, et que je peux, enfin, écouter de la musique en même temps que tourne une autre application. Je croise les doigts en attendant que soit confirmé dans mon cœur l'impact immense qu'y constitue la révolution Linux.

Comme l'ordinateur ne tournait plus, et que j'étais officiellement en week-end, j'ai fait marcher cette autre pompe à temps qu'est la lecture. J'ai neutralisé la menace présentée par Douglas Coupland et son très fluide JPod (avec des foutages de gueule comme l'insertion d'une trentaine de pages contenant les cent mille premières décimales de Pi). Lecture agréable, dans la lignée de ses précédents ouvrages. Il me reste son dernier roman en date, The Gum Thief, quelque part sur mes étagères.

J'ai enchaîné prestement avec Rafles sur la ville, un roman policier d'Auguste le Breton datant de mille neuf cent cinquante-six, que je viens de finir. Lecture délectable. Le Breton et moi, c'est une histoire d'amour pas vieille, mais intense. Je n'ai lu que quatre ou cinq de ses romans, notamment tirés de la série des Rififi (terme dont il est l'inventeur et le possesseur légal), mais j'en garde un souvenir intense et le désir d'en lire davantage. Chaque chose en son temps. Une fois de retour au pays, je tâcherai d'engloutir une partie de mes économies dans tous les livres qui me font baver (ou je m'inscrirai dans une bibliothèque municipale).

Dans Rafles sur la ville, Le Breton abandonne le point-de-vue des truands et autres affranchis, coutumier de ses romans, pour adopter celui des flics, habituels antagonistes. Une brigade parisienne tente tout pour coincer un tueur ayant liquidé l'un des leurs. Mais tout n'est pas tranché noir sur blanc, certains policiers comportant leur part d'ombre, tandis que les gangsters de Paname renferment leurs côtés humains. Avec de l'argot policier qui sonne vrai, dans le Paris d'il y a cinquante ans.

Pour les dix ou douze prochains jours, je m'apprête à attaquer de front l'iceberg Ayn Rand, avec la lecture d'Atlas Shrugged, son grand-œuvre, si je ne m'abuse. Auteur évadée d'une Union Soviétique qu'elle dénigrera d'autant plus qu'elle débarque dans l'Amérique maccarthiste des années cinquante (notons au passage que je n'ai pas vérifié les détails de sa biographie, et que je me trompe sans doute sur la date exacte de son arrivée aux Etats-Unis, mais que la parution du roman remonte bel et bien cinquante-sept), Ayn Rand reste aussi bien adulée que controversée outre-Atlantique. Je n'ai jamais rien lu d'elle, donc j'en pourrai dire davantage d'ici mille deux cents pages imprimées tout petit, au secours, mes pauvres yeux.

Ces derniers temps, pour masquer mon vernis d'activité intellectuelle sous une épaisse couche d'exercices physiques, je m'adonne davantage au tennis de table, depuis que le badminton devient difficile à pratiquer étant donnés mes horaires de travail, l'oblicité plongeante des rayons solaires quand je quitte ma salle de classe et la mauvaise volonté des praticiens locaux à se plier à mes habitudes déviant de la norme chinoise. Ils demeurent surpris que je ne dîne pas à dix-sept heures pétantes, et ferment la salle de badminton vers dix-huit heures, quand bien même je me suis tout juste échauffé.

Comme il fait nuit de plus en plus tôt, je ne cours plus guère, n'ayant que très modérément envie de me fouler la cheville dans le noir, comme cela m'est déjà arrivé depuis ma venue en Chine. Quant à mon objectif de courir dix kilomètres d'affilée en moins d'une heure d'ici fin deux mille huit, j'ai bien peur que... A moins de m'y mettre tout de suite...

Programme de la journée: d'ici une vingtaine de minutes, sortir pour aller courir comme un con autour du stade. Objectif, trois à cinq kilomètres en petites foulés. Si je ne suis pas mort à l'arrivée, me diriger vers la salle de badminton pour aller mesurer mes tendinites à l'aune des raquetteux du coin. Si le badminton se refuse à moi, opter pour le ping-pong, voire la douche, selon mon état de fatigue.

En soirée, recevoir les instructions du Sultan pour nourir et sortir son chien les trois prochains jours, qu'il devrait passer à Wuhan aux prises avec l'administration franco-chinoise (objectif, se marier le mois prochain, dans les parages, avec une fille des environs, qui le lui rend bien). Préparer mollement mon cours de demain. Lire à m'en user les yeux. Dormir tard, car j'ai bu trop de thé, ou tôt, car je serai rincé par ma Longue Marche dans la poussière (à laquelle je retournerai, mais c'est une autre histoire).

jeudi 11 décembre 2008

Retour au Monde dans moins de Quatre-Vingts Jours

Jeudi onze décembre deux mille huit. Dix-neuf heures quarante-cinq (heure française, midi quarante-cinq). Tentons un follow-up à mon entrée d'hier. La pianiste amatrice de l'étage du dessous a ressorti ses gammes, et mon ordinateur poussif refuse que j'écoute Pantera en même temps que je me promène sur internet. Bon. Ma revanche sera terrible.

La journée s'est bien passée, malgré une légère déconvenue (j'ai appris que les examens de mes élèves ne commenceraient que demain soir, et que, par conséquent, je devrais assurer tous mes cours en journée). Mon cours de la semaine n'est pas très difficile à reproduire ad nauseam, il consiste à faire du bla-bla pendant quinze minutes, en introduisant quelques mots de vocabulaire essentiels à la compréhension de la seconde étape, laquelle se limite à lancer un dessin animé sur les écrans de télévision dont le gouvernement chinois a généreusement doté chaque salle de classe (mille euros le poste).

N'empêche. Nonobstant. J'en suis à vingt-et-un visionnages en quatre jours de Wallace & Gromit: The Wrong Trousers, et une portion non négligeable du plaisir de me projeter dans un week-end anticipé était de ne pas avoir à le regarder cinq fois de plus. Je suis patient, et la répétition ne me dérange pas, mais bouquiner au lit m'aurait davantage motivé que me taper quatre ou cinq projections supplémentaires des mêmes trente minutes d'animation en pâte à modeler. Je connais les dialogues presque par-cœur. Je pourrais toujours changer le contenu du cours, me direz-vous. Mais ça serait justement aller à l'encontre de mon projet, lequel consiste précisément en une routine totale de mon quotidien. Le temps passe plus vite dans la répétition.

Ma santé ne pose aucun problème. Le froid et la sécheresse contribuent à m'avoir couvert les mains de petites plaques rouges désquamantes, mais depuis deux jours, leur propagation s'est stabilisée (un peu d'eczéma, pour les non-hypochondriaques). D'après mon sponsor, le Professeur van Houten, mes hanches devraient déjà s'être vu perforer par l'acide dilué en suspension dans l'eau de ma douche, mais je n'observe pour le moment aucune lésion cutanée. Je ne tousse même plus.

Le froid. Le Grand Froid. Il existe en Chine, mais plus loin au nord. Vers Pékin, voire en Mandchourie, le mercure chute et la neige tombe. Mon ami Niin, actuellement en Corée, m'a dit l'autre jour qu'il y faisait moins douze, ou moins sept, je ne sais plus. Ici, il doit faire dans les plus cinq le matin, et cet après-midi, je suis persuadé que le thermomètre a dépassé les vingt degrés en plein soleil. Certains élèves, fraîchement débarqués d'une sieste réparatrice et d'une frénétique partie de basket, avaient même mis en route les ventilateurs de leur salle de classe, tandis que les gamines emmitouflées du premier rang grelottaient dans leurs gros anoraks. J'ai rétabli l'ordre dans le groupe humain, car telle est ma mission d'enseignant. Avant de me réfugier derrière les péripéties d'un chien en pâte à modeler.

Si la température extérieure fluctue, oscillant entre du froid de saison au petit matin pour grimper à des altitudes printanières dès que le soleil a pointé son nez deux ou trois heures, elle reste toutefois constante, en mon rechet, où elle semble stationnaire autour des dix ou douze degrés. Je me les pêle. Les Chinois du Sud n'ont pas le chauffage, et le double vitrage n'est qu'un doux rêve. Les nappes d'air froid venues de Sibérie, qui dominent la Chine du Nord et font de la capitale chinoise une annexe de Moscou, envoient des langues de chat nocturnes lapper le grand Sud. D'après mes voisins, il fera vraiment froid le mois prochain. En attendant, je vis l'hiver le plus chaud de ma vie.

Le week-end, depuis deux ou trois semaines, je passe deux ou trois heures à crapahuter dans les collines situées non loin de mon lycée, une fois traversée la grande route poussiéreuse où les semi-remorques passent rejoindre l'autoroute située à proximité. La ville où je demeure et enseigne, Xinfeng pour ne pas la nommer (oups, trop tard), est une petite bourgade en pleine expansion, enchassée dans une campagne densément peuplée, essentiellement rizicole, comme la Chine en compte tant. Si bien que dans certains quartiers, la ville n'a eu le temps de jeter sur le fond rural ambiant qu'une ébauche d'urbanisation. La grande route poussiéreuse a tout du décor de western, toutes les maisons collées présentant une façade unique derrière laquelle le promeneur soupçonne l'absence de profondeur. Je traverse un décor pour me rendre en montagne.

En fait de montagne, il s'agit surtout d'une demi-douzaine de collines boisées, qui se succèdent en une série de sentiers grimpants, crescendo jusqu'au sommet local, trois-cent soixante-dix mètres au-dessus du niveau de la mer. Une grosse antenne de transmission électrique s'y dresse, surveillée par un gardien résidant sur place. La solitude étant son lot quotidien, il accueille avec plaisir et locacité les visiteurs de passage. La promenade proprement dite me prend deux heures aller et retour. Si je m'attarde à tailler le bout de gras, elle peut durer trois heures, le temps de redescendre pour m'aller cloître dans mon mausolée.

J'ai peu lu ces derniers temps, mais depuis quelques jours, le rythme s'accélère (il faut dire que je néglige quelque peu le Never-Ending Book Quiz, je finirai bien par perdre ma quatrième place au classement, un jour ou l'autre). Je suis resté une bonne semaine sur The Mammoth Hunters, troisième tome de la pentalogie Earth's Children, de l'Américaine Jean M. Auel. Nous sommes dans le roman érotico-civilisationnel préhistorique. L'héroïne est une jeune Homo Sapiens du palélolithique (âge de la pierre taillée, si mes souvenirs d'enfance ne se sont pas trop émoussés), belle et ingénieuse, élevée par des Homo Neanderthalensis qui ont fini par la bannir à la fin du premier tome.

Dans le second volume, elle met cinq cents pages à rencontrer Jondalar, le beau tailleur de silex romantique venu du bout du monde pour d'obscures raisons philosophiques. Ils sont tous deux blonds, lui mesure un mètre quatre-vingt-quinze et elle quelque chose comme un mètre quatre-vingts, ils sentent le sable chaud et le crottin de cheval, car la belle a inventé la domestication, vu qu'elle s'emmerdait, toute seule dans sa grotte, à attendre le prince charmant. Elle a aussi inventé l'aiguille à coudre, le briquet, le langage des signes et la sagaie. Une sorte de Rahan avec des tresses. Les deux finissent par s'unir, c'est merveilleux, ils s'aiment comme des bêtes et se prennent dans toutes les positions entre le lion des cavernes et les deux chevaux du cheptel.

Ils s'aiment, mais se compliquent la vie. Convaincus de ne plus être aimés de l'autre, ils s'enferment dans des attitudes ambigües qui ne facilitent pas le dialogue. Je soupçonne l'auteur d'y être pour beaucoup. Dans le troisième tome, ils quittent leur nid d'amour pour partir à la recherche d'autres humains dans la zone. Ils tombent sur les chasseurs de mammouths, qui adoptent Ayla. La pesanteur romantico-érotique vient s'alourdir d'un triangle amoureux, le couple étant rejoint par un sculpteur d'ivoire venu d'Afrique noire. Il faudra attendre le dernier chapitre pour que se démêle l'écheveau des sentiments humains.

Je prends plaisir à cette lecture, ne serait-ce que pour constater à quel point les personnages peuvent être stupides. L'écriture n'a rien de follichon, sauf parfois dans la description des paysages et des rituels. L'énumération botanique de la faune des steppes apporte une touche pédante qui permet d'éviter l'effet Barbara Cartland. Je lirai avec intérêt les deux derniers volumes. Dans le quatrième, je prédis que les deux amoureux poursuivront leur voyage pour rentrer chez Jondalar, qui se languit des siens.

Lu en début de semaine, Ship of Strangers, de Bob Shaw, auteur nord-irlandais méconnu (apparemment, trois de ses romans, sur une trentaine, ont été traduits en français dans les années soixante-dix). Il s'agit, à la base, d'un recueil de nouvelles mettant en scène une même équipe d'explorateurs interplanétaires. Le fil conducteur, héros par défaut, est un vétéran du Service Cartographique, revenu de tout, qui continue de se ré-engager parce qu'il a la bougeotte et ne supporte pas bien longtemps la vie civile. Nous sommes dans un contexte familier des lecteurs de Van Vogt, auquel le livre est dédicacé. Les nouvelles ont été soudées par une trame narrative, à la manière de The Voyage of the Space Beagle, qui semble LA référence principale de Shaw, en l'occurrence.

L'avantage des romans de Bob Shaw, dont j'avais précédemment lu Medusa's Children et Orbitsville (qui a connu deux suites, que je lirai un jour), est commun à bien des ouvrages de la "grande époque" de la science-fiction: en moins de trois cents pages, ils arrivent à raconter ce que les auteurs actuels mettraient trois volumes de cinq- ou huit-cents pages à distiller. Ils savent aller à l'essentiel. Je trouve en outre que dans Ship of Strangers, Bob Shaw a réussi à donner à son protagoniste davantage d'épaisseur, notamment psychologique, que n'en ont souvent les personnages stéréotypiques du genre et de l'époque.

Actuellement en chantier, JPod, avant-dernier roman en date (publié en deux mille six) du Canadien Douglas Coupland. Suite thématique à Microserfs, sorti au début des années quatre-vingt-dix et ayant introduit la notion (et le terme) de "Mac-job": des ingénieurs en informatique travaillant pour une compagnie de développement technologique dans un ensemble de six cubicles (des espaces de travail compartimentés par des cloisons en préfabriqué, sans plafond, je ne connais pas le terme en français) contemplent leur interchangeabilité, l'absurdité de leur existence et leurs passions de geeks (le terme a connu un certain succès ces derniers temps en français, notons que l'auteur décrit le milieu et emploie cette appellation depuis les années quatre-vingts, à l'instar de Scott Adams et de son Dilbert).

Depuis ma lecture de Generation X, et surtout depuis celle de Microserfs, je suis puissamment fan de Douglas Coupland, dont j'ai lu tous les romans dans l'ordre chronologique de leur publication, à l'exception des deux derniers, qui m'accompagnent justement dans mon séjour chinois. J'ai, accessoirement, intégralement regardé, en la compagnie du Sultan avant qu'il n'achète son chien, la série animée Dilbert, adaptée du strip du même nom. J'ai commencé à lire les archives en ligne dudit strip, mais l'accès n'étant pas facile depuis la Chine (un grief récurrent que je me verrai un plaisir de remiser au placard une fois regagné le plancher des vaches fromagères), j'ai mis ma lecture de côté.

Avant de clore le présent billet, je signalerai pour mémoire (la mienne, faillible, et à laquelle ce journal supplée) que la semaine dernière j'ai, pour la première fois, mangé du chien, après plus de six mois en Chine. A vue de langue, ça n'est pas mauvais, mais comme les Chinois ont décidé qu'il fallait absolument servir cette viande avec un max de piments rouges, je n'ai pu qu'y tremper le bout de mon organe gustatif avant combustion. Il faudra que je m'informe des usages cynoculinaires en République de Corée (du Sud).

Programme de la soirée: traîner encore un peu en ligne. Poursuivre ma lecture, sur le PC, du cinquième recueil des aventures dessinées de Spider Jerusalem, dans les pages de Transmetropolitan, écrit par Warren Ellis. D'ici une demi-heure à une heure, m'engouffrer sous la couette avec JPod pour la suite des opérations (roman commencé hier, vraisemblablement terminé demain, cinq cent cinquante-cinq pages, je lis quand j'en ai le temps). Tâcher de dormir avant deux heures du matin, en espérant que l'absence de sport aujourd'hui, la lecture passionnante et la musique nocturne de mon voisin ne contribuent pas à me mettre des bâtons dans les roues.

Fin de transmission: vingt heures cinquante-trois (heure française, treize heures cinquante-trois).

mardi 9 décembre 2008

Le Royaume du Cartilage

Mercredi dix décembre deux mille huit. Treize heures vingt-huit minutes (heure française, six heures trente-huit du matin). Beaucoup de choses se sont enchaînées ces huit derniers jours, et non des moindres. Depuis la semaine dernière, je bénéficie d'un permis de séjour de deux ans, valable jusqu'à fin novembre deux mille dix. Dommage que j'aie prévu de quitter le territoire chinois d'ici deux mois et dix jours.

Soixante-treize jours me séparent d'un retour programmé sur le sol français. Septante-trois jours dont un peu plus de six semaines de cours. Oui, je compte chaque heure, non que le cadre me déplaise, mais le métier d'enseignant n'est décidément pas mon truc. Je pourrais rester ici indéfiniment, je compterais toujours les heures de cours, et le nombre de jours, me séparant de l'étape suivante dans ma lente dérive vers le néant.

Cette année passée en Chine aura été riche en introspections; riche en solitude, malgré un nombre restreint de déprimes proprement dites. Je commence sans doute à me faire au globe-trotting. Je sais aussi fermement où mon affect m'attire, et je ne me vois pas loin rester durablement loin de ma patrie; six mois par-ci, par-là, assurément, mais plusieurs années d'affilée, non, décidément, non. Mon employeur sera très déçu, et me demander sans doute de le rembourser des frais occasionnés par ma demande de permis de travail, de permis de séjour et de certificat d'expertise étrangère.

Car je suis un expert étranger. Tel est mon titre désormais. J'ai attendu, ou plutôt, mon employeur a attendu neuf mois pour finaliser les démarches administratives me permettant de rester ici deux ans. Mon intention initiale était de rester ici un an, et je m'en tiendrai là.

Ellipse. Quelques heures plus tard. Ma trépidante vie professionnelle a coupé dans l'œuf mon élan autophage. Je reprendrai demain, ou un autre jour, le fil de mes pensées décousues.

Programme de la soirée: zoner sur l'entretoile, lire Douglas Coupland et dormir douze heures. Demain, cinq heures de cours avant week-end anticipé.

lundi 1 décembre 2008

Ton Grand-Père est au Goulag

Lundi premier décembre deux mille huit. Vingt-et-une heures dix-neuf (heure française, quatorze heures dix-neuf). Depuis plusieurs semaines, le pare-feu chinois auquel je suis sujet me brise les gonades en menus morceaux. Impossible d'actualiser mon journal en ligne, et je suis passé par tous les proxies. La solution semble bel et bien de changer, une fois de plus, d'hébergeur. Ca n'est pas de gaîté de cœur, l'habitude tendant à engendrer une fidélisation par défaut, mais je me vois contraint, pour un temps, d'aller voir ailleurs si j'y suis. Le lecteur perspicace aura suivi le lien laissé dans les commentaires du dernier billet en date, chez le précédent hébergeur.

Comment rendre compte de l'intervalle, mesuré à trois bonnes semaines, depuis ma dernière entrée? Le rhume qui me tenaillait les bronches a fini par céder, renonçant à se convertir, comme je l'ai craint un moment du fond de mon hypochondrie, en tuberculose galopante. J'ai repris du poil de la bête. Mes tours de piste ont fini par cesser, menacés par une tendinite persistante dans mon genou gauche. J'en étais rendu à plusieurs itérations hebdomadaires de huit kilomètres en petites foulées, sur un circuit en terre battue ménagé à cet effet, dans le lycée qui m'emploie présentement.

Le froid est pour beaucoup dans la métamorphose de mon activité physique. Je me contente souvent de trois ou cinq sessions hebdomadaires de badminton dans le gymnase idoine (ancien réfectoire du lycée, en des temps reculés), renonçant à ma préparation pour le marathon de Paris en 2010. Je verrai à reprendre mon entraînement quand j'aurai regagné la mère patrie. Dans quelque chose comme deux mois et trois semaines. Quatre-vingts jours tout rond, à compter de demain.

Le froid, donc. Car il a fini par se faire sentir, comme partout, si près des Tropiques soyons-nous. La région de Chine méridionale où j'exerce mon sacerdoce est souvent plus fraîche que le sud profond, sans toutefois atteindre les abysses thermométriques du Nord. La Chine est partagée en deux par une ligne située juste au nord de Shanghaï, entre une moitié de pays chauffée en hiver, et une moitié (la mienne) qui se contente de vêtements chauds.

Techniquement, il ne fait pas si froid, mais le matin, il doit faire entre trois et cinq degrés, et si l'après-midi voit le mercure avoisiner les vingt degrés en plein soleil, c'est pour mieux replonger le soir venu. A trois semaines du solstice d'hiver, la saison froide referme ses griffes glacées sur le cœur du pays. Je ressens le froid, surtout au niveau des mains. Ma peau n'apprécie que modérément la brusque chute, et habituée qu'elle est d'un chauffage domestique, elle se couvre par endroits de plaques rouges du plus bel effet, en signe de protestation. Le froid assèche mes doigts.

Je dirais que depuis deux semaines, donc, l'hiver nous est tombé dessus comme une tonne de briques. L'automne en profite pour ronger lentement les feuilles des arbres alentours, modestement, sans en muter les couleurs en un foisonnement chromatique tel qu'on en peut voir en Europe du nord ou au Canada. Le territoire reste essentiellement dominé par les conifères, qui conserveront tout l'hiver leur éternelle verdure.

Le retour à l'enseignement s'est fait sans heurt, après une bonne semaine d'interruption. Je meuble comme je peux les vingt-six heures hebdomadaires (auxquelles viennent s'ajouter deux périodes d'une heure et demie en libre accès, et en plein air, par tous les lycéens, soit trente heures en tout). La semaine dernière, j'ai pour la première fois recouru à la vidéo (toutes les salles du lycée ont été équipées de téléviseurs il y a deux mois); l'idéal serait d'utiliser mon ordinateur portable, mais je l'ai laissé en France. Je me contente d'un diaporama chargé sur ma clef USB.

Avec l'avénement du froid, mon organisme a opté pour son biorythme hivernal, caractérisé par un besoin accru en sommeil, une tolérance amoindrie pour l'obscurité, une tendance certaine à la déprime. Comme je n'en suis pas à mon coup d'essai, je sais voir venir les symptômes de mal-être, et les contrecarrer dans l'œuf. Je me couche donc plus tôt, afin d'approcher autant que faire se peut des dix heures de sommeil désormais nécessaires. Je me lève avec le soleil, pour bénéficier pleinement des dix ou onze heures quotidiennes d'ensoleillement. Je sais relativiser mes coups de blues, comme dérivant de l'éloignement, de la fatigue et de la saison.

Je sors d'un week-end de trois jours, occasionné par des examens blancs pour lesquels les Terminales requéraient le squattage des salles de classe de mes Secondes. Les élèves, heureux, ont pu rentrer trois jours dans la campagne auprès des leurs (d'ordinaire, ils ne bénéficient que d'une pause d'une demi-journée le samedi; le reste du temps, ils ont cours du lundi au dimanche, pensionnaires levés dès six heures, cours jusque vers vingt-deux heures). Leur professeur, bon joueur, en a profité pour se reposer.

Le Sultan, mon collègue et ami venu de France par le même avion pour enseigner l'anglais dans le même lycée chinois, est moins disponible qu'il y a quelques mois, puisqu'il prépare son mariage, imminent si l'administration accepte. Du coup, je lis davantage, et je profite de mes week-ends pour me promener dans la campagne attenante à la petite ville qui nous héberge. Samedi et dimanche, j'ai gravi une série de collines, enchassées sur un chemin de crête menant au point culminant du coin, trois-cent soixante-dix mètres de pinèdes chauffées par le soleil. Adepte de randonnée, de grimpette et de nature, je ne peux que me féliciter de mon initiative.

Il y a trois semaines, j'ai oublié de le mentionner depuis le dernier épisode de mes aventures, j'ai couru un trois mille mètres en compagnie des élèves de Terminale. Je n'ai pas fini dernier, mais je me suis fait prendre un tour par le meilleur d'entre eux. A trente-et-un ans, en bonne forme physique mais sans activité sportive régulière depuis treize ans, j'ai parcouru les sept tours et demi de piste en douze minutes environ. Je considère ça comme un début encourageant. Si je réitère mes tentatives de coureur de fond, je m'essaierai au dix mille mètres en moins d'une heure, avant la fin du mois.

Mes lectures des dernières semaines ont inclus "Twilight", un mauvais roman de vampires pour midinettes, commis par une certaine Stephenie Meyer; "Knight Moves", un formidable roman du génial Walter Jon Williams, dans la veine des premiers romans de Roger Zelazny (j'en dirai sans doute davantage quand j'en aurai le temps); "L'Acacia", un roman dense avec les loups et expérimental dans la forme, de Claude Simon, une réussite totale, à mon avis; les quatre premiers tomes de la bande dessinée "Transmetropolitan", scénarisée par Warren Ellis; "The Affirmation", de Christopher Priest, exploration sur la personnalité, le rôle psychologique de l'auto-fiction et les réalités parallèles (en cours de lecture sur mon ordinateur); et "The Mammoth Hunters", de Mme Jean M. Auel, troisième tome du cycle préhistorique "Earth's Children".

Je m'étendrai davantage sur mes lectures du moment, mes états d'âme et le menu de mes repas quand j'aurai vidé ma vessie, dormi six heures et préparé mes cours de la semaine. Prochaine représentation, demain matin huit heures et quart, en classe onze. Le mardi reste ma journée la plus chargée, avec six heures de cours suivies d'une heure et demie d' "English Corner" avec les volontaires venus braver le froid. Pour le moment, le programme de ma soirée inclut de la lecture, du blottissement sous couette et un sommeil aux rêves fromagers, interrompu toutes les heures et demie par la soif, et vers six heures du matin par la fanfare du lycée...