vendredi 16 mars 2018

Le Carnaval des Anti-Mots

Vendredi seize mars  deux mille dix-huit. Dix-huit heures quatorze (heure locale). Deux ou trois heures du matin (heure française).

Coincé au Nevada en pleine tempête de neige. Je passerai à l'aéroport dans cinq heures pour confirmer mon vol avec dix heures d'avance. La navette de l'hôtel s'arrête avant minuit. Ma tentative de sieste s'avère présentement infructueuse.

Je n'ai pas mis les pieds dehors depuis cinq jours. Les draps sont doux. La chambre rococo post-Vegas s'accommode bien de mon insomnie diurne.

Les quarante prochaines heures ne seront qu'une longue attente, d'aéroport en hall de gare, de siège en faux cuir en fauteuil incliné du voisin de devant comprimant un espace personnel déjà étriqué. Une lente déambulation de corridor en corridor, au détour des interminables dédales du transport aérien et ses fourmilières-mausolées. Le jet-lag est paraît-il plus impactant d'ouest en est. Mon dernier demi-globe remonte à huit ans et demi, à l'époque de mon tour en Asie. Cette fois-ci, c'est l'inverse. Une semaine en Amérique, pour le boulot bien sûr, mais aussi pour la parenthèse.

Quelqu'un est mort. Ça fait déjà quatre mois et demi. Je suis seul dans un appartement trop grand mais à l'étroit car trop plein, avec des livres en abondance, trois chats qui s'occupent comme ils peuvent à chacune de mes longues absences, et plein d'affaires qui ne sont pas à moi, mais m'appartiennent. Un tri s'opère, qui prendra encore plusieurs mois.

La vie continue.