mercredi 13 janvier 2010

Dans l'Espace, Personne ne Vous Entendra Manger des Tartines

Mercredi treize janvier deux mille dix. Vingt-et-une heures quarante-huit. Le tournoi magique du soir touche à sa fin. Les joueurs ne tarderont pas à s'en retourner vers leurs domiciles respectifs, le cœur empli de joie. Je resterai, pour ma part, encore un peu, le temps de boucler ma journée, retrouver des produits vendus à la va-vite, remettre des boissons dans Moloch le Réfrigérant, toujours avide de recevoir sa ration quotidienne de sacrifices. Lire un peu, surfouiller la Toile. Avoir mal à la cheville, en espérant ne pas me l'être foulée.

L'hiver touche à sa fin. Il a été plutôt blanc, un peu poudreux, un peu glissant, il persiste encore dans l'ombre des doigts ou au détour d'un courant d'air plus frais qu'un autre, mais dans l'ensemble, aujourd'hui, l'ambiance était chaleureuse, printanière. Il faisait quatre degrés. Je me suis promené dehors sans manteau, en pull-over, toujours avec ma fidèle écharpe qui ne me quittera qu'en avril. Ce matin, j'ai fait la grasse matinée. Le travail d'équipe permet parfois ce genre de luxe.

Bonne année. Il paraît que nous avons changé d'ère. Dixième année du vingt-et-unième siècle, n'en déplaise aux moutons qui ont célébré le nouveau millénaire un an trop tôt. Je n'en démordrai pas. Hugh Jackman était beaucoup trop grand pour le rôle. Et le cuir noir, c'est très laid. Vivent les justaucorps jaune et bleu (avec ou sans accord de l'adjectif chromatique au nom qui le précède, mais réformez-moi tout ça, boudiou, mais que font les Immortels quand on a besoin d'eux? Réponse: ils meurent, resquiet in pacem Claude Lévi-Strauss, i tutti quanti). Mais je m'égare.

L'année deux mille neuf s'est bien terminée. En compagnie de mon frère, de ma belle-sœur et de quelques centaines de passagers anonymes, je suis remonté, pour la Saint-Sylvestre, en mon Île-de-France natale, où j'ai réveillonné, plusieurs fois d'affilée, avec des amis, de la famille et encore des amis. Et de la famille. Et j'ai repris le train. Et le chemin du travail. Et il est recommandé, en français, de ne pas commencer de phrase par une conjonction de coordination.

Je suis en forme. Je n'ai, à vrai dire, jamais été en aussi bonne forme. A moins que. Je ne sais plus. A mon âge, on commence à perdre la tête (seconde allusion à Highlander dans ce billet). Je m'épanouis dans mon travail, j'ai allégrement entamé le onzième mois dans l'entreprise familiale, et je pense maîtriser de mieux en mieux mon instrument. Mon sens des rapports humains, ma mémoire surentraînée et mon endurance de marathonien font de moi l'homme idéal pour le poste que j'occupe. Je suis content de ne plus être prof, je n'étais tout bonnement pas à ma place derrière un pupitre. Un comptoir vaut mieux que deux tu l'auras.

Lectures du moment. "Excession", de Iain M. Banks, cinquième volet du cycle de la Culture. "On Basilisk Station", de David Weber, premier chapitre des aventures de Honor Harington. De la science-fiction. Dans l'espace. Avec des vaisseaux, des robots, des trous-de-ver, des empires qui guerroient, des explosions et des drames. Toujours dans l'espace, la partie one-shot de jeu de rôles du deux janvier a subi le contre-coup de la fatigue générale, d'où frictions, aigreurs, plaisir inégal. Gageons qu'il ne se sera agi que d'une ornière passagère. Les loisirs sont là pour être vécus dans la bonne humeur.

Que dire d'autre? Hmm. Il ne se passe rien de transcendant dans ma vie, elle est bonne, j'en suis content. De gros changements à venir en deux mille dix, un agrandissement du local occupé par le magasin, un mariage et plus si affinités du côté de mon frère, une grosse convention du jeu pour la fin de l'année. De l'argent, en petite quantité; du temps libre, pour lire enfin tous les livres accumulés; un ou deux voyages, à l'autre bout du monde ou quelque part en Europe, sans doute un peu des deux. Tout dépendra du timing, des finances, de la disponibilité de mes partenaires commerciaux.

Il pleuvait, hier soir. Je me suis remis au jeu de cartes évolutif adapté des romans de George R. R. Martin, "A Game of Thrones". J'ai pu prendre place à une table de Shadowrun. J'ai attaqué un roman que j'ai bon espoir de finir demain. Je dors cinq heures par nuit. Je suis une dynamo humaine. Je crains de m'être foulé la cheville en courant comme un con vers la boulangerie. Ou pas. On verra demain si elle a enflé.

Programme de la soirée: ranger encore quelque peu mon lieu de travail. Nettoyage par le vide? Retour au bercail peu après, ou peu avant minuit. Lecture sur le pouce, selon la fatigue. Demain matin, faire des courses. Tenir seul le magasin un moment, recevoir des colis. Ployer sous la charge. Ce soir, avant d'avoir quitté la boutique, tenter de vider la table de travail, aussi impossible cela soit-il. Vivre longtemps, et prospérer.

Aucun commentaire: