vendredi 15 janvier 2010

Mort Thermique de l'Univers

Vendredi seize janvier deux mille dix. Minuit dix-neuf du soir. En Chine, personne ne vous entendra crier. J'entame ma quinzième heure de travail. Alors que la fatigue me guette (hier, dix-huit heures de travail consécutives, rentré chez moi vers quatre heures du matin, debout ce matin pour neuf heures et demie), j'ai entrepris de ranger complètement la réserve du magasin. Je vais sans doute y passer la nuit, et je n'ai aucune idée de comment je tiendrai demain. Sans parler de ma partie de jeu de rôles prévue, en nocturne, dans les locaux de l'association.

Il y a deux ans, je démissionnais de l'Education Nationale. Pour me changer les idées, je partais en Chine, où je serai resté un an, peu ou prou, toujours à enseigner. Il y a un an, je donnais mon dernier cours. Cet aspect-là du métier ne me manque pas. Le contact individuel avec les jeunes, un peu, encore que, je le retrouve, sous une autre forme, dans le jeu organisé et les relations publiques propres à la tenue d'un commerce. Le bilan est positif. Je dors peu, mais j'ai le moral. Pas un instant je n'ai regretté d'arrêter l'enseignement, pour lequel je n'étais pas fait, et j'envisage d'exercer ma profession actuelle jusqu'à ce que mort s'ensuive (ou la retraite, sait-on jamais, si elle existe encore dans une quarantaine d'années).

J'ai entamé hier soir le tour dernier roman de Jasper Fforde, "Shades of Grey", dans une société post-révolutionnaire fondée sur un spectre chromatique, selon les couleurs perçues par les membres des différentes castes. Pour le moment, ça n'est pas très original, mais je suis prêt à lui donner sa chance (son cycle du Bookworld, les aventures de Thursday Next, détective littéraire, sont formidables). Je le lirai ce dimanche, qui sera mon jour de congé de la décennie. Félicité dans les chaumières.

Je me suis foulé la cheville. Hier, je penchais plutôt pour la gauche, aujourd'hui c'est résolument la droite qui me fait souffrir. Quelques dizaines d'heures à piétiner, en transportant des charges lourdes, et il n'y paraîtra plus.

Programme de la nuit: ranger la réserve, inventorier le contenu d'icelle, ne pas dormir, ou tout laisser tomber dans un quart d'heure pour rentrer chez moi, dormir. Demain, être un zombie dans un gant de velours, voir se coucher le soleil en milieu de matinée, émerger d'une profonde étreinte avec le bitume mental pour entonner des mélopées contradictoires avec les constellations pivoines. Ou autre chose. Ce qui me rappelle que je n'ai toujours pas, copieusement pas, dîné. On verra ça pour le petit-déjeuner, s'il est une aube pour envisager ce type d'agape.

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