dimanche 13 septembre 2009

Victimisation des Platanes

Dimanche treize septembre deux mille neuf. Midi vingt-six. Je suis passé subrepticement au boulot, bien que ça soit mon jour de congé, pour finir de gérer le stock avant que le magasin ne soit tenu, comme un dimanche par mois, par un de mes associés (et non par moi). J'ai, de fait, enchaîné treize jours de boulot consécutifs, rarement à moins de quinze heures par jour, et je suis, pour dire le moins, sur les rotules. Mon frère rentre ce soir d'une semaine passée en Ecosse, des vacances bien méritées, qui m'ont laissé seul maître à bord. A écoper comme j'ai pu, le navire n'a pas trop pris l'eau, mais il est temps que le capitaine redresse un tant soit peu le cap, nous ne dérivons pas encore, mais je maîtrise mal les eaux dans lesquelles nous naviguons. A chacun son expertise.

La double semaine n'a été qu'un long séjour dans mon magasin, avec des clients, nombreux, les affaires marchent bien, des arrivages, abondants, des commandes à passer, des tournois à gérer, bref, je n'ai pas beaucoup dormi, et j'ai à peine eu le temps de lire deux ou trois livres. Je ne sais, à vrai dire, même plus lesquels. Ils sont empilés quelque part chez moi, et se reposent dans ma tête en attendant d'être sollicités. Depuis ce matin, je suis sur "Slam", de Nick Hornby, et "A Most Wanted Man", de John Le Carré. Histoire de ne pas lire que de la science-fiction ou de la fantasy.

Ca me revient. Je me suis lu, hier ou avant-hier, le dernier roman de Philip Roth, Indignation. Une histoire de jeune homme en colère, à l'université, dans les années cinquante, le spectre de la guerre de Corée menaçant sa paix d'esprit. Je n'ai pas eu le temps de jouer, comme je me l'étais promis, mais nos habitués s'en sont donné à cœur joie. J'ai dû passer du temps à ranger la salle de jeu, vider les poubelles, remettre de l'ordre dans le désordre, et remplir le frigo de boissons pour les passants. J'aime mon métier.

Que dire de plus? Les précieuses heures de sommeil que j'ai sacrifiées vendredi matin pour aller faire ma lessive trihebdomadaire se sont soldées par un constat de panne, in vivo, des machines de la laverie. Au lieu de rester quarante minutes dans la machine, à tourner tant et plus au rythme de la centrifugeuse, mon linge n'a mis que douze minutes avant de s'immobiliser, tout mouillé, propre mais tout mouillé, dans le téléviseur. J'ai opté pour un séchage maison, accompagné d'une flaque monumentale, derrière moi puis chez moi, avant de filer vers le boulot. Où je suis encore. Un dimanche midi.

De fait, je ne vais pas m'attarder davantage, je dois encore finir de mettre à jour le stock, après les arrivages de la semaine, et les ventes de ces derniers jours. Et partir. Dormir. Lire. Me promener. Appeler des gens et passer chez eux à l'improviste. Trouver quelque chose à manger ce soir. Pour le moment, je n'ai rien chez moi, le temps m'a manqué, cette semaine, pour aller faire les courses alimentaires que mon propre réfrigérateur réclame à grands cris depuis plusieurs jours. Heureusement je dispose, sur mon lieu de travail, d'une machine à café de haut vol. J'aime mon métier.

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