mercredi 22 juillet 2009

La Randonnée du Bout du Monde

Jeudi vingt-trois juillet deux mille neuf. Six heures trente-deux du matin (heure japonaise, treize heures trente-deux du même matin). De retour sur le plancher des vaches à cornes depuis une petite trentaine d'heures, je ne suis pas encore pleinement recalé sur le faisceau horaire de Paris, mais à force d'épuisement et de matinées blanches, on devrait y parvenir. Le séjour japonais s'est bien passé.

Quatre jours à Tôkyô, trois jours à Yonezawa, petite ville du nord avec la Mer de Chine pour dernier terrain vague (en fait, non, mais je voulais voir quelle gueule aurait cette phrase sur le plasma, pardon à Brel), pour un mariage traditionnel réussi (la nourriture était bonne, et même le reste était bien). Brève escale à Nagano, trois jours dans les montagnes, randonnée sous la pluie, fuite nocturne dans ma tente, deux jours à Osaka, crochet par Kyôto, retour sur Tôkyô, capsule-hotel les deux dernières nuits, vingt-quatre heures d'avion, train plus escale, beaucoup de train, croisé Doctor Doom à Helsinki, et Zubaydi à Shibuya, écouté les BeeGees dans l'avion, Tragedy.

Je suis en train de lire Outlander, un roman romantique avec du sentiment dedans, de Diana Gabaldon. Une infirmière récemment réunie avec son mari, un jeune professeur d'université, au cours d'une seconde lune-de-miel en Ecosse, disparaît mystérieusement à travers un cercle de pierres pour se retrouver projetée dans le passé, où elle rencontre l'ancêtre de son mari (un Anglais très méchant, capitaine de l'armée d'invasion) et un jeune guerrier écossais, qu'elle épouse dans des circonstances euh arrangées pour les besoins de l'histoire. Ils s'aiment, se prennent dans toutes les positions au milieu de la fraîche et riante campagne des Highlands, se donnent des coups de ceinture et se compliquent la vie. Triangle amoureux, voyage dans le temps.

Dévoré pendant le train et les nuits blanches au Japon, Perdido Street Station, gros roman de China Miéville, aurait pu être écrit par Tim Powers au mieux de sa forme, ou Michael Chabon s'il plaçait ses histoires dans un univers inventé. Ca m'a aussi rappelé le Moorcock du Pyatt Quartet, ou le Stephenson du Baroque Cycle, ou encore le Difference Engine de Gibson et Sterling. Bref, un roman formidable qui flirte avec plein d'autres auteurs qui me font vibrer, tout en ayant suffisamment d'originalité en soi pour qu'on ne pense pas à le comparer au-delà d'une simple pêche aux idées. Le style est foisonnant, l'intrigue part dans tous les sens, les personnages son bien campés, l'univers original et addictif. Bref, que du bonheur.

Actuellement en chantier, La Horde du Contre-vent, un roman euh expérimental d'Alain Damasio, un véritable tour-de-force dans lequel j'ai du mal à rentrer. C'est une bande de types qui rampent dans un univers mal défini, ils cherchent à remonter le vent, qui souffle et détruit tout selon une partition nébuleuse, ça fait huit siècles qu'ils piétinent dans la poussière en prenant des grands airs. L'écriture est ampoulée, l'auteur a décidé de nous faire vivre en alternance l'intériorité des vingt-trois pékins, nous sommes dans la lourdeur et l'ennui. Mais, bon. Je vais m'accrocher, je n'ai lu qu'une centaine de pages, essentiellement pendant ma nuit blanche au camping inondé, donc l'impression du moment n'est peut-être due qu'aux circonstances. Pour le moment, j'ai l'impression de lire une version chiantissime des Annales de la Compagnie Noire, ou de La Compagnie des Glaces, le tout dans un bac à sable, avec des trips à la Mondes Engloutis. A reprendre à tête reposée.

Programme de la journée: prendre un petit déjeuner, faire des cartons (second round de mon déménagement, mardi prochain), prendre un train pour Lyon, où je ferai du rangement, passerai le balai et tenterai de me recaler dans l'espace et le temps. Demain, reprise du boulot, avec rattrapage du retard sur les dernières nouveautés, lancement d'une formation-éclair sur la gestion de la compta et des commandes, avant de m'occuper seul de la boutique ce week-end, en avant-goût du mois d'août, pendant lequel mon frère prendra, à son tour, des vacances bien méritées.

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